La révolte gronde à Nox, le changement arrive et ça ne plait pas à tout le monde ! Choisissez votre camp et faites le vite, des têtes vont commencer à tomber.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Sam 27 Jan - 10:38
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Cette fois, le grincement de la porte ne le fit pas frémir. Cette fois, il fut même heureux de l’entendre. Le grand soldat a l’air négligé lui fit signe de la tête qu’il pouvait sortir. Miloslaw s’extirpa de sa cellule sans attendre. Au bout du couloir, le responsable des cachots lui fit un petit topo.
« Une courte enquête a suffi à persuader tout le monde que t’y étais pour rien. ... Alors comme ça on fricote avec le prince héritier, hein ? Remarque, tu dois être son genre, d’après ce que j’ai entendu dire. Allez, hors de ma vue. »
Milo ne chercha pas à en savoir plus et fila. Au moins, il était innocenté et il n’avait eu à rester qu’une petite poignée d’heures dans les geôles. Ca avait été les heures les plus effrayantes de sa vie d’ailleurs. Il espérait ne plus jamais avoir à revivre ça. Les plaintes des prisonniers, le bruit de la terre dans les murs, des rats qui grouillaient dans les ombres les plus noires et les cachettes les plus insoupçonnées... L’ambiance n’était pas vraiment au rendez-vous dans ce trou. Il se demandait comment les gardes n’y perdaient pas la raison.
Il n’avait pas mis deux pieds au rez-de-chaussée que Théophile lui tomba dessus. Sans rien dire, il réajusta sa tenue, y ajouta une élégante cravate gris perle finement rayée de noir et lui passa un linge sur le visage. Miloslaw se dit qu’il le touchait un peu plus que nécessaire. Quand il rentra les pans de sa chemise à l’intérieur de son pantalon, il frissonna au contact de ses longs doigts froids sur la peau fine de son aine.
« Tu dois te rendre immédiatement dans les appartements du prince. Il ne devrait pas tarder à se réveiller, tu te dois d’être présent. - Mais pourtant... - Es-tu son garçon de compagnie, oui ou non ? - Et bien... Je suppose. - Alors hâte-toi. »
Tout le monde n’arrêtait pas de le presser depuis qu’il était arrivé au palais impérial. Est-ce qu’on songeait seulement à son temps libre personnel ? Et puis il fallait savoir ! On venait de l’accuser d’avoir fomenté un complot contre le prince, juste parce que dernier avait prononcé son nom avant de s’évanouir. Roman l’avait accusé vivement, ou plutôt il l’avait bruyamment questionné sur ces paroles. Alors quand la garde civile était apparue, on l’avait embarqué. Mais apparemment, on le voulait à présent tout proche de Lucius.
Quand il y parvint, la chambre du prince était vide. Elle devait être animé peu de temps auparavant pourtant, car on sentait une bonne dizaine d’odeurs différentes, fortes. Enfin, si le prince était tiré d’affaires, il y avait masse de personnes à prévenir. Pauvre Lucius, il serait tout seul pour son réveil. C’était peut-être bien pour ça que Théophile l’avait pressé d’y aller. Miloslaw s’approcha du lit. Le prince dormait profondément et paisiblement. Une odeur d’onguent se dégageait de lui. Il avisa un petit bol dont le fond était tapissé d’herbes humides et aplaties par un pilon, il le vida dans la cheminée. La senteur du genévrier, ou quelque chose approchant, se dégagea dans la chambre. Ce n’était pas spécialement désagréable.
« Et bien il ne se réveille pas du tout, » marmonna Milo, agacé.
Il ressortit la chemise de son pantalon, froissa un peu son col et se pelotonna sur un fauteuil, enveloppé dans une couverture de sorte qu’on ne voyait plus que son visage. Là, il vida ses poches. Elles contenaient deux pièces d’or qu’il aurait pu parier s’il n’y avait eu ces foutues responsabilités de garçon de compagnie et cette drôle de pelote en or. Un fin interstice en faisait le tour, il essaya donc de séparer les deux morceaux, mais sans y parvenir. Il chercha alors un interrupteur, le secoua, le cogna sur le rebord du guéridon qui supportait le repas de remise en forme de Lucius, le mordit, lui ordonna de s’ouvrir, mais rien ne fonctionna.
« La peste soit de ce truc ! »
Il renfermait forcément quelque chose, car il était en or véritable. Et il ne pouvait y avoir un tel défaut sur une pièce par ailleurs réalisée avec le plus grand raffinement. Le jeune homme déposa la balle et les deux pièces sur le guéridon avec un soupir. Il n’avait jamais possédé autant d’or. Plutôt que d’essayer de l’ouvrir, il devrait la parier... Non, la vendre puis jouer avec l’argent qu’il en retirerait. S’il s’adressait aux bonnes personnes, il était persuadé d’en retirer une très belle somme. Le prince remua dans son sommeil et Miloslaw se redressa, aux aguets. Mais il ne se réveilla pas. Après plusieurs minutes, il décida de piquer un somme lui aussi. Roulé en boule dans le fauteuil, il s’endormit, bien aidé par l’alcool et les émotions de la nuit.
Messages : 79 Date d'inscription : 06/01/2018 Age : 22 Localisation : La bibliothèque !
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Héritier de la Couronne Rang : Prince
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Mar 30 Jan - 21:38
Cheval de bois et pelote d'orLe jeune homme entendit la porte grincer de nouveau et mit quelques temps à identifier l’odeur de vampire qui venait chatouiller ses narines. Milo. Il ne le connaissait pas depuis longtemps mais l’homme avait une odeur caractéristique de musc et de cidre, probablement un truc de Von Hochen. Enfin, de gens originaires de Hochen. Il ne put empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres. On l’avait mis au lit et soigné de nombreuses manières. Quand il s’était réveillé, il avait constaté qu’on l’avait habillé de vêtements plus souples et moins tâchés que sang que ceux qu’il portait quand il s’était évanoui. On lui avait enfilé un de ses pulls chauds, un pantalon de lin fin et un bonnet pour tenir son front et ses oreilles au chaud. Sur sa table de chevet, ses parents avaient posé ses deux doudous favoris de l’enfance : un lapin à l’oreille cassée et un hérisson avec un bonnet. Tous ses vêtements étaient de la même couleur, un nacré reflétant les couleurs de l’arc en ciel. Il avait aussi constaté qu’une partie de ses cheveux était devenue de la couleur de l’ébène, de la moitié de ses mèches aux pointes. Il avait usé de la magie, sans doute sans s’en rendre compte, pour se soigner. Le poison devait être particulièrement virulent pour lui avoir imposé de telles extrémités. Il avait été dans une sorte d’inconscience tout le long de ses traitements mais quelques souvenirs lui revenaient ... des souvenirs flous, probablement dans le désordre. Il se demandait bien où Milo avait été ces dernières heures. Il était son garçon de compagnie alors sans doute aurait-il dû être à ses côtés ... mais ses parents ne lui faisaient pas assez confiance, pour cela, si ? Hm ... ce soir ... se serait-il passé quelque chose après qu’il soit tombé dans les limbes que l’inconscience. Enfin, au moins il était rassuré de la savoir en vie. S’il avait dû pleurer sa mort alors qu’il ne le connaissait même pas vraiment ... Il fit semblant de dormir, surveillant Milo de dessous ses paupières. Il se demandait bien s’il allait se jeter à son chevet et pleurer ou bien rester indifférent. S’il se souvenait bien ... Milo avait semblé surpris de l’attaque. Il était fort peu probable qu’il ait été un complice. De toute façon, il n’avait choisi ni le lieu de rencontre, ni l’heure. Lucius l’avait traîné dans sa combine comme il le faisait toujours avec ses suivants. Milo ne se jeta pas sur lui et Lucius en fut presque soulagé. Il observa discrètement le jeune homme s’affairer auprès de la cheminée sans trop comprendre son but et plissa les yeux pour mieux voir. Seul le clair de lune perçait à travers la lucarne, la fenêtre la plus grande de sa chambre ayant été recouverte d’un lourd rideau de velours bleu nuit. Une odeur s’éleva dans les airs et Lucius ferma les yeux un instant pour s’en imprégner. Milo eut une phrase agacée et Lucius faillit complètement se griller et éclater de rire. Mais il ne voulait pas jouer les gâte sauce et réussit à contenir son hilarité. Le jeune homme n’aurait certainement pas parlé comme ça devant Lucius s’il avait eu les yeux grand ouverts. Comme c’était drôle de voir le comportement de chacun quand il pensait que le prince n’était pas là ou, dans ce cas, pas conscient. Caché en partie à sa vue par la couverture imposant du Royaume des Devins, sur sa table de chevet, Milo se pelotonna dans un fauteuil et commença à s’agiter un peu avant de ne plus bouger. Est-ce qu’il s’apprêtait à dormir ? Pas amusant du tout ! Finalement, Milo ne s’endormit pas. Il s’énerva sur un objet que Lucius ne voyait pas et le prince commença à se sentir ignoré. Il entendit derrière la porte la voix de la plus jeune des Attis, Stephany, qui demandait à voir le prince et prendre de ses nouvelles. Le garde la refoula, une fois, puis deux, puis trois. Elle claqua des talons et s’en alla d’un pas précipité, sans doute décidée à en parler à son père. Finalement, Lucius se décida à se redresser, sortant la tête de ses épais oreillers et enlevant son bonnet. Il sourit doucement au jeune homme en face de lui et l’invita gentiment à venir s’asseoir sur le bord du lit. “Bonsoir, Milo ! Tu as eu peur pour moi ?” Mais il avait dû attendre trop longtemps parce que Milo dormait profondément dans le fauteuil près du lit. Il poussa un soupir et repoussa les couvertures. Tant pis, il lirait.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Jeu 1 Fév - 18:44
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Milo se réveilla brusquement et apparemment sans raison. Le feu chauffait toujours autant la pièce, il n’y avait pas beaucoup de bruit et personne n’avait ouvert le grand rideau qui masquait toute la lumière de la lune. Il fallait croire qu’il avait assez dormi, même s’il en doutait. Après tout, il avait sauté toute une journée de sommeil. Repoussant la couverture dans laquelle il s’était enveloppé, Miloslaw jeta en premier lieu un coup d’oeil au lit du prince Lucius. Celui-ci était vide. Soit il était mort et on ne l’avait pas remarqué avant d’embarquer Sa Majesté Impériale, soit il était si bien remis qu’il était déjà en train de rassurer tous les nobles sur la descendance de l’Empereur de Nox. Le jeune homme étira longuement ses quatre membres avec une élégance plus animale que civilisée, puis se glissa au sol. Il regretta de ne pas avoir retiré ses chaussures avant de dormir, ses mollets étaient tout compressés.
Tout en baillant et en se grattant le cuir chevelu, Miloslaw entra dans la pièce adjacente des appartements du prince, comptant demander des nouvelles aux gardes postés devant la porte. Mais il découvrit le prince, tranquillement attablé devant un véritable petit festin. Milo savait qu’en tant que vampire, il n’aurait pas dû avoir à ce point envie d’autre chose que du sang, il n’y avait même pas de viande. Pourtant, la soif et la faim se réveillèrent devant les plats. Lucius l’invita alors à s’asseoir avec lui d’une voix enjouée. Le jeune garçon de compagnie releva à nouveau les yeux sur lui et eut un mouvement d’hésitation. Etait-ce réellement le prince Lucius ? Fronçant les sourcils, il étudia un peu plus en détail le visages qui lui souriait. Mmm... Pas de doute, c’était bien lui. Ou alors il avait un jumeau aux cheveux bruns.
Essayant de redevenir quelqu’un à l’apparence correcte, Milo s’inclina puis prit place en face de Lucius. Il avisa un pichet de sang et estima qu’il avait beaucoup de chance. Mais avant de tendre la main vers le pain, le garçon de compagnie ne put s’empêcher de poser la question qui lui brûlait presque la langue.
« Prince Lucius... Je suis enchanté à la perspective du défilé de poulets qui nous attend cette nuit, n’en doutez point... Mais, et pardon de changer de sujet, qu’est-il arrivé à vos cheveux ? Est-ce à cause du poison ? Vont-ils redevenir comme avant, pensez-vous ? »
Ce serait presque dommage car à présent Lucius ressemblait un peu plus au fils de ses parents. Il pouvait même presque reconnaître en lui un demi-frère. Milo aussi avait les cheveux foncés, quoique son châtain sombre était lui relevé de quelques mèches aux reflets noisette. Il lui semblait qu’ils étaient un peu moins raides aussi.
Sa curiosité dévoilée, Milo s’attaqua au repas auquel il avait été si généreusement invité et qu’il ne comptait certainement pas esquiver. Il recouvrit son pain de mozzarella, qui était bien meilleure que celle qu’il avait pu avoir à l’école des majordomes. Tout en mâchant, il prévoyait la suite des événements. Quelques poivrons, suivis d’une poignée de fruits en sauce. Il ferait passer le tout avec un bon verre de sang, celui-ci semblait aussi délicieux et fleurait aussi bon que le jus d’un humain fraîchement mordu ! Peut-être oserait-il prendre deux verres finalement.
Le repas terminé, Miloslaw laissa échapper un soupir de satisfaction. Il avait beau connaître par cœur le recueil des bonnes manières de majordome, il ne pouvait pas s’empêcher de se bâfrer devant autant de bonne bouffe. Et dire que ce n’était qu’une mise en bouche avant le véritable repas ! Il avait pourtant hâte d’y être. Le jeune homme se leva de son fauteuil et se tourna en direction du passage qu’ils avaient empruntés la dernière fois.
« Prenons nous le même chemin qu’hier, votre altesse ? »
C’était sûrement plus prudent de se faire escorter par une horde de gardes en prenant la route normale, car il n’était toujours pas convaincu que ce tuyau secret soit exempt d’araignées géantes mangeuses de vampires.
« Au fait, prince Lucius, lança-t-il avec une soudaine pointe d’embarras. Je voudrais que vous soyez sûr... Je n’ai jamais comploté contre vous et je ne le ferai jamais. Tout ce qu’on a raconté, c’est faux ! La garde civile a même fait une enquête ! S’il-vous-plaît, je ne vous demande pas d’avoir confiance en moi, on ne se connaît que depuis hier, mais... Ne me renvoyez pas ! »
Il aurait été logique qu’un simple doute lui vaille un renvoi pur et simple. Après tout, on ne badinait pas avec la sécurité du prince héritier.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Sam 3 Fév - 11:33
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Il savait que sa curiosité était mal placée selon les enseignements qui lui avaient été prodigués, pourtant le prince ne le lui reprocha pas. Il entreprit même de lui expliquer ce qui se passait. Ainsi donc, ce n’était pas la première fois que cette histoire de cheveux lui arrivait. Un indicateur de magie... ? Voilà qui était bien étrange, mais Lucius n’avait pas exactement une histoire ordinaire. Miloslaw était presque fasciné par ce que son demi-frère lui racontait, sur un ton sans mystère. Lui avait vécu une enfance tout à fait ordinaire, au milieu d’un élevage somme toute classique dans son duché. Arrivé à la ville, il avait suivi le chemin de nombreux autres enfants. Débauche et recherche d’avenir. Lui avait réussi à se faire accepter par l’école de majordomes, tandis que beaucoup de filles étaient instruites à servir dans les plus grandes maisons de Ravenwell. D’autres garçons étaient devenus portiers, cochers, il y avait aussi des filles et des garçons de compagnie pour des nobles... Ceux qui se plongeaient totalement dans la boue des bas-quartiers n’étaient finalement pas si nombreux, la jeunesse dévouée était plutôt recherchée au sein de la noblesse de la capitale. A côté de cela, il y avait Lucius. Héritier d’un couple impérial homosexuel, conçu par la magie, béni par le Diable de bien des façons, il avait encore trouvé le moyen de se rendre un peu plus intéressant en rencontrant une source magique qui lui avait donné des cheveux blancs. Miloslaw se demanda si la vie du prince allait continuer sur cette voie ou si le destin allait lui permettre un peu de repos. Il n’avait que dix-huit ans et avait déjà vécu plus que la plupart des vampires cent fois plus âgés ! Pas étonnant, en fin de compte, qu’il ait ce comportement gorgé d’arrogance.
Ne trouvant pas de meilleure réponse, Miloslaw se contenta de hocher la tête. Après le repas, il se sentit soulagé d’entendre qu’ils allaient se rendre au manoir des Von Hochen de la plus simple façon. Sa joie augmenta encore quand il entendit Lucius lui affirmer qu’il ne doutait pas de lui ou de ses intentions. Un fier sourire étira les lèvres du jeune homme, flatté à l’extrême. Son demi-frère affirmait qu’il n’était pas stupide. C’était bien plus qu’il n’avait osé l’espérer, alors même qu’ils ne se connaissaient pas depuis vingt-quatre heures. Les choses avançaient dans le bon sens et en dépit de ses maladresses verbales, de ses problèmes de pari et de ses nombreux autres défauts, le prince Lucius l’appréciait.
Ils prirent la porte pour se trouver nez à nez avec un grand homme, tout en blanc. Milo pensa qu’il était foutrement bien assorti à Lucius. Le vampire était toute fois plus impressionnant, presque effrayant. Le garçon de compagnie choisit avec une certaine lâcheté de rester en retrait, bien derrière Lucius. De toute façon, son demi-frère semblait parfaitement connaître l’homme. Il ne s’offusqua même pas quand celui-ci déposa une fleur dans ses cheveux. Lucius accepta, visiblement agacé, qu’ils soient accompagnés par le grand vampire jusqu’au lieu des festivités. Miloslaw eut également le droit à une décoration florale, mais sous forme de petite couronne violette. Il sentait qu’il devait avoir l’air ridicule et chercha dans les couloirs un miroir pour s’en assurer. Il voulait au moins savoir à quel degré de moqueries il devait s’attendre. Sauf qu’il fut incapable de croiser son reflet.
Le trajet se fit sans incident. Soit que le danger était totalement absent, soit que Fureku le dissuadait très efficacement. En tout cas, Miloslaw se rendit compte qu’il n’était pas vraiment effrayant. Il était juste droit et professionnel au point d’en paraître insensible. En tout cas, il ne semblait pas inquiet, car sa main reposait tranquillement le long de son flanc au lieu de tenir la poignée de son épée.
Une fois au manoir Von Hochen, Fureku disparut rapidement. Il était peut-être retourné illico au château, ou alors il s’était noyé dans la foule, Miloslaw l’ignorait. De toute façon, il ne s’en soucia plus très rapidement. La nourriture l’accapara, ainsi que les conversations agréables de la famille Von Hochen. Il était bien plus détendu que la veille, même sans avoir consommé assez d’alcool pour cela. Il avait compris que ça ne servait à rien d’être coincé et distant. Ce n’était pas ce qu’on attendait de lui. Il essaya néanmoins de tenir sa promesse et de ne pas boire plus d’un verre d’alcool toutes les deux heures. Il garda aussi toujours un œil sur le prince, ne le quittant pas d’une semelle, en tout cas il ne s’éloigna pas de plus de dix mètres.
Le repas, déjà entamé quand ils avaient débarqué, fut suivi d’une annonce de divertissements. Miloslaw se demanda s’il serait à nouveau question de jeux de cartes, mais ce ne fut pas le cas. On servit des digestifs et Charles Henry se mit debout sur la table, au milieu des plats vides. Il donna un « la » vibrant, puis annonça l’ouverture du concours de chant. Ohoh. Milo espérait de tout son cœur de ne pas avoir à participer. Il chantait comme un vieux coq déplumé qui tenterait sans succès de saluer le soleil. Une vraie catastrophe.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Dim 4 Fév - 14:15
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Miloslaw avait vaguement entendu parler des concours de chants des Von Hochen. Au temple de chez lui, les messes noires étaient toujours chantées. A chaque fête des villages alentours et même de la grande ville la plus proche, tout le monde donnait de la voix. Alors évidemment, il s’y était essayé. Etant un enfant, on s’était juste gentiment moqué de lui, avant de signifier à sa mère qu’il était grand temps qu’on lui enseigne le chant. Apparemment, il avait une jolie voix, bien qu’ordinaire à mourir. Par la suite, il s’était rendu compte qu’il était sans espoir sur ce plan. Il était nul en chant et le serait toujours. Il ne devait pas avoir assez de sang de Von Hochen dans les veines. Ou alors trop de l’autre. Son regard, accusateur, glissa sur l’Empereur. « C’est de ta faute, » songea-t-il sans réelle animosité.
Une femme fut la première à chanter. Miloslaw fut fasciné dès les premières notes. Il avait déjà terriblement envie de l’applaudir, mais se retint pour ne pas l’interrompre. En tout cas, tout le monde l’écoutait. Ceux qui mangeaient le faisaient en silence. Lorsque la chanson se termina, il se fit mal aux paumes à force d’applaudir. Il n’était peut-être pas doué pour chanter, mais son oreille appréciait la musicalité vocale. Après quoi, quelques regards dévièrent sur lui, associés à quelques sourires mauvais. Miloslaw savait très bien ce qu’ils voulaient dire. Ca aurait été tellement amusant de mettre le suivant du prince Lucius sur scène, histoire de rigoler un bon coup. Miloslaw se ratatina sur lui-même et tâcha de se concentrer sur sa purée baignant dans la sauce de viande. Il stressait, attendant que quelqu’un finisse par le désigner du doigt ou beugler son nom, à supposer qu’ils s’en souviennent. Lucius se porta néanmoins volontaire avant qu’une telle chose arrive. Milo le regarda avancer vers la scène, puis se stopper, tourné vers la table. Il observa ses parents, un instant. Ces derniers ne semblaient pas vouloir réagir. Se passait-il quelque chose ? Miloslaw pensa qu’il était de son devoir d’en faire mention à Lucius. Il était là pour cela, n’est-ce pas ? Alors plus tard, quand ils pourraient être seuls, il tâcherait de faire vider son sac au prince.
Contre toute attente, Lucius tendit sa main en direction du garçon de compagnie. Celui-ci écarquilla les yeux, de stupeur et de peur. L’invitation se précisa à l’aide de quelques hommes et sa gorge devint soudain toute sèche. Avait-il vraiment le choix ? Pas vraiment. Lucius était bien la personne à qui il devait obéir, en particulier pour des broutilles pareilles. Et puis, il avait l’air un peu triste et ajouter à son malheur était bien la dernière chose que désirait Miloslaw actuellement. Incapable de rassembler le peu de courage que les dieux avaient mis à sa disposition, il vida d’un trait son verre de sang, puis d’un autre le verre de liqueur de son voisin de droite - qui cette fois n’était pas Lubalai. Les jambes légèrement flageolantes, il se leva. Son trajet jusqu’à la scène lui sembla durer une éternité de torture, le tout sous une salve d’applaudissements moqueurs. La situation lui rappelait douloureusement cette partie de jeu de l’hombre ou les tours de ses adversaires lui semblaient passer avec la plus grande lenteur. Et à chaque minute, il désespérait de gagner ne serait-ce qu’un sou supplémentaire. Il avait alors mis sa vertu, comme on l’avait appelée durant la partie, sur la table. A la fin, il avait perdu. La suite n’était pas spécialement joyeuse à se remémorer.
Miloslaw savait que ça ne se terminerait pas de cette façon, pourtant il avait une sensation désagréable au creux du ventre, dans la poitrine et dans la gorge, nouée. Ses jambes le portèrent tant bien que mal aux côtés de Lucius, qui commença immédiatement à chanter. Milo reconnut l’air tout de suite, il savait les paroles. Un duo... Il allait devoir assurer, même s’il ne le pouvait pas. Quand ce fut son tour, il éleva une voix inégale et tremblante en réponse à celle de Lucius. Il fixait ses pieds, honteux de se donner ainsi en spectacle. Il voulait que ça se termine, mais ce n’était que le premier couplet. Que quelqu’un, n’importe qui ! lui vienne en aide !
Au deuxième couplet, mortifié, Miloslaw se demandait bien comment il allait pouvoir donner le change à la voix plus que magnifique du prince, quand quelqu’un couvrit merveilleusement sa piètre tentative à peine audible. Il redressa la tête et vit le majordome, Alfred, qui prenait la suite. Ses prières avaient été entendues !
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Mer 7 Fév - 8:47
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Alfred lui avait largement sauvé la mise et pendant le reste de la chanson, Milo se détendit un peu. S’il continua à chanter, il le fit assez peu fort pour ne pas être entendu. De toute façon tout le monde s’en fichait à présent. La salle de bal était emplie des voix des invités, toutes puissantes et harmonieuses ainsi qu’en harmonie. Des percussions se joignirent aux chants et le concours devint une pure manifestation de joie sauvage. Le cœur de Miloslaw sembla vouloir s’envoler. Il se sentait bien ici. Il aurait voulu que cette réunion de famille ne se termine jamais. Elle aurait cependant une fin, tout comme la chanson. A peine deux secondes après la dernière note, Lucius l’entraîna à l’écart. Dans une alcôve plus précisément, où l’attendait le couple impérial. Modérément à l’abri derrière le prince, Miloslaw ne put s’empêcher d’ouvrir de grands yeux ronds en se trouvant en présence de l’Empereur et du Prince Consort. Il avait bien du mal à les voir comme les parents de Lucius ou même faisant partie de sa famille. L’aura qui émanait d’eux était si puissante ! Ca lui faisait vraiment bizarre d’être aussi proche d’eux. Dans un cadre complètement officieux. Sans comprendre ce qui était en train de se passer, Milo vit Lucius se faire happer par l’étreinte de ses parents. Leurs mains se séparèrent brutalement, puis le garçon de compagnie fut lui aussi invité à se joindre au câlin de famille. C’était incongru au possible et il n’arrivait vraiment pas à se focaliser sur l’idée que c’était son père qui l’entourait de son bras. Ou qu’il était tout serré contre son demi-frère.
Cette fois, il ne se sentit pas vraiment à l’aise et le soulagement l’envahit lorsque ce fut terminé. C’était néanmoins toujours à n’y rien comprendre. Et ce fut pire lorsque la large main de Luscka von Hochen s’abattit sur le visage de son fils. Milo plaqua sa main sur sa bouche pour étouffer un cri. Venait-il réellement de le frapper ? Haussant timidement les yeux en direction du prince consort, il s’aperçut toutefois que ce dernier n’était pas heureux d’avoir agi ainsi. Le garçon de compagnie espérait que ce n’était pas quelque chose qui arrivait régulièrement... Quelle surprise d’apprendre que le prince héritier se faisait battre sinon ! Il savait que la violence était un trait de famille chez les Von Hochen, mais il n’avait jamais entendu dire que ce genre de pratiques d’éducation était courant chez eux. A tout le moins, sa mère s’était toujours abstenu de procéder de cette manière. Elle préférait les punitions utiles, la plus sévère étant de nettoyer la porcherie à lui seul pendant une semaine. Etant donné l’importance de leur élevage, la tâche avait été ardue pour l’enfant qu’il avait été. Aussi il ne l’avait expérimentée que deux fois.
La tension qui venait de naître au sein de la famille impériale s’apaisa en même temps que la douce main d’Elijah von Dast se posait sur la joue blessée de son fils. Ils le punissaient pour s’être enfui la veille. Au moins, pensa Miloslaw, ils n’avaient pas l’air de vouloir le renvoyer. Certainement une très maigre consolation du point de vue de Lucius. En tout cas, ce dernier ne protesta pas, il ne pleura pas non plus. Miloslaw était un peu impressionné, sûr qu’à sa place il se serait ratatiné au sol sous la force du coup. Finalement, il fut décidé que Fureku, le grand homme qui les avait accompagnés au manoir cette nuit, assurerait avec Milo la surveillance du prince héritier. Le garçon de compagnie était vexé et s’en voulait. Il avait déjà échoué à ce point-là. En plus, le couple impérial lui imposa des cours spéciaux avec Taesch Condé. Lucius se montra au moins aussi surpris que lui en apprenant la nouvelle.
Tandis qu’ils retournaient à leurs places, Miloslaw réfléchissait au nouvel ordre des choses concernant la garde du prince. Monsieur Taesch, de quoi s’occupait-il ? Il savait que l’homme était connu pour son utilité à la Cour, mais il aurait été bien incapable de dire pourquoi. Cela ne devait pas concerner les cours de danse qu’il dispensait aux jeunes têtes couronnées. A quoi cela aurait-il servi à la sécurité de Lucius ? Pendant la suite du repas, il observa à la dérobée Taesch Condé. Que pouvait cacher ce flamboyant danseur ?
On imposa une pause dans les festivités. Qui voulait fumer la pipe ou le cigare, qui désirait s’entretenir en privé avec l’un ou l’autre des invités... Lucius en profita pour l’attirer à l’écart lui aussi. Confortablement installé sur un petit sofa, Miloslaw observa le prince. La rougeur de son visage avait disparu, mais il semblait toujours remué psychologiquement. Peut-être plus par la culpabilité que par la gifle en elle-même. Milo savait qu’il n’aurait probablement pas dû émettre de tels doutes, mais il avait besoin de savoir. Parce que l’empereur était son père, le prince son demi-frère et qu’il désirait ardemment se rapprocher d’eux.
« Mon prince, avança-t-il à voix basse avant que Lucius ait pu prononcer un mot. Est-il... Courant... Que le Prince Consort vous assène de telles corrections ? »
Il parlait sur le ton de la prudence et craignait que quelqu’un l’ait entendu et s’insurge contre ses paroles, il craignait aussi que le prince pique une colère et le foute à la porte de manière définitive.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Ven 9 Fév - 14:26
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
La réponse silencieuse de Lucius fit naître sur le visage de Milo une expression d’horreur pure. Le prince dût s’en apercevoir, car il se corrigea aussitôt. Miloslaw devait bien admettre qu’il était soulagé. Passer son temps auprès d’un enfant battu serait vite devenu insupportable s’il n’avait rien pu y faire. Après tout, ce n’était pas vraiment défendu et qui oserait critiquer les principes d’éducation du couple impérial ?
« Je suis désolé ! bafouilla-t-il expressément. Je craignais que... Enfin je m’inquiétais... Je veux dire que... Heu... Peu importe. Je me suis trompé. »
Il ne voyait pas de bonne façon de tourner ça. Coup de chance, l’attention du prince alla se focaliser sur la suivante de sa soeur. Une jolie fille, estima Miloslaw. Bien indigne de l’héritier du trône, mais Lucius avait bien le temps de batifoler à droite et à gauche s’il le souhaitait. Ses parents n’étaient pas près de laisser leurs trônes vides. Son regard vira sur la princesse Lubalaï, de toute évidence de très méchante humeur maintenant que sa coiffure avait été arrangée de manière à tenir hors de sa porté les mèches bouclées qu’elle aurait pu vouloir brûler. Milo ressentait un peu de peine pour la petite fille. Jouer avec le feu n’était certainement pas très prudent, mais ce manoir était à l’évidence un lieu sécurisé pour ce qui était de ce genre d’activités pyromaniaques. Le feu de la cheminée ronflait plus fort désormais, sans que personne n’y ait fait quoi que soit. Miloslaw n’était pas très instruit, mais il avait entendu des histoires sur cet endroit.
Le prince et lui rejoignirent la table où les attendait un somptueux dessert, accompagné bien sûr de la suite du concours de chant. Miloslaw se servit généreusement en pudding et crème sucrée avant de s’apercevoir de la présence d’une personne supplémentaire. Guère plus jolie, selon lui, que la suivante de Lubalaï, elle était en grande discussion avec monsieur Taesch. Il ne mangea pas, essayant de lire sur leurs lèvres ou d’entendre quelques mots. Peut-être était-elle l’une de ses élèves ! Auquel cas, il pourrait lui demander des détails sur l’enseignement prodigué par le légendaire vampire. Charles Henry dissipa malheureusement tout espoir. La jeune fille n’était autre que l’enfant de monsieur Taesch. Alors ça ! Miloslaw ignorait qu’il eut une fille et il trouvait cela étrange que son cours des influentes familles nobles, qui s’étalait généreusement sur les Condé, n’en n’ait jamais fait mention. Embarrassée, la jeune Condé se vit forcée à être la prochaine candidate au chant. La bouche pleine de pudding, Miloslaw regarda le couple se lancer sur la scène. Lady Condé se contenta de jouer du luth dans une performance parfaite. Milo n’était pas un expert, loin de là, mais à son niveau il ne décelait aucune faute. La voix de Taesch, bien qu’assez ordinaire en comparaison du gang de ténors présent dans cette salle, rendait parfaitement hommage aux paroles. Mangeant plus lentement, le garçon essaya de comprendre de quoi parlait cette chanson. D’amour, très certainement. Peut-être bien aussi de sexe, il avait généralement du mal à capter les allusions évidentes pour tous les autres. En tout cas, le ton était plutôt triste. Au moins, même si le sentiment était flou, la prestation laissa quelque chose au fond du cœur du garçon de compagnie.
Son assiette terminée, il jeta un coup d’œil à Lucius. Ce dernier affichait une expression plutôt orageuse. La chanson lui déplaisait-elle ? A moins que ce fut la prestation ? Il avait peut-être décelé des fausses notes rédhibitoires. Cherchant à le provoquer pour en savoir plus et éventuellement le dérider un peu, car c’était son rôle, Milo se pencha doucement vers lui et lui murmura :
« C’était plutôt bien, non ? Ca ne tient pas la comparaison avec votre grand-mère, pour sûr, mais c’était agréable. »
A quelques chaises de lui, la princesse Lubalaï faisait un caprice.
« Mais cette ceinture était si jolie ! Avec le petit cheval de bois gravé sur le cuir. Je veux la même ! On ira en acheter une demain, n’est-ce pas Phoebe ? - Mais enfin, princesse, où avez-vous une telle chose ? - Tout à l’heure, quand tu me tirais les cheveux ! Par la fenêtre ! Il y avait cet homme. Bizarre, il n’est pas à table. Sûrement un employé. »
Milo se redressa sur sa chaise, un frisson glacé dressa les cheveux sur sa nuque. Il agrippa brutalement le coude de Lucius tout en fouillant nerveusement les ombres de la salle de bal de ses yeux sombres.
« Lux, ils sont là, encore. »
Ce n’était certainement pas une manière de s’adresse au prince héritier, mais il y avait urgence. Il fallait prévenir tout le monde, sans doute. Mais est-ce qu’il valait mieux ne pas effrayer l’assassin potentiel ? S’il réussissait une nouvelle fois à toucher Lucius, ce dernier survivrait-il à la dose de poison ? Il n’avait plus de magie pour le purger cette fois. Rapidement et à voix basse, il lui répéta ce qu’il avait entendu dans la bouche de Lubalaï. La peur le gagna, de plus en plus à chaque seconde qui passait. Il s’attendait à ce qu’un fou furieux atterrisse soudain en plein milieu des assiettes de choux à la crème et décoche ses flèches empoisonnées à tours de bras.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Dim 18 Fév - 23:20
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Ainsi donc, le prince héritier Lucius avait aussi le don de composer de la musique. Miloslaw n’aurait jamais pu penser que quelqu’un d’aussi jeune puisse disposer d’un tel talent. Lui-même n’avait rien de semblable et il se sentit tout d’un coup bien piètre à côté de Lucius. Ce dernier était en plus très intelligent, puisqu’il avait décelé la ruse de ses parents pour tenter de le faire fréquenter une noble plutôt que les bas quartiers. Raté, apparemment. Milo se demandait bien quel était justement le genre du prince, mais il n’allait pas commettre l’indélicatesse de le lui demander à table.
Un peu plus tard, avec son oreille traînante, Miloslaw provoqua un énorme mouvement de Von Hochen, ce qui était un événement conséquent. Les chaises raclèrent le parquet sans aucune discrétion et les éclats de voix joyeux les couvraient péniblement. Apparemment la chasse à l’ours était une excellente raison de se réjouir pour un Von Hochen, même la panse bien rempli et le gosier bien rafraîchi de bière. Miloslaw se serait probablement inquiété de leur santé s’ils se retrouvaient effectivement face à un gigantesque plantigrade, mais il avait bien d’autres inquiétudes en tête. En apprenant le danger qui se cachait quelque part au manoir, le prince Lucius avait ni plus ni moins congédié toute sa famille. Ce qui était une bonne chose pour la princesse Lubalai, mais pourquoi se priver de toute cette force ? Etait-il fou ?
Le garçon de compagnie n’eut cependant pas le loisir de donner son avis ou même de prononcer un mot. Lucius s’expliqua et tous ceux qui étaient restés semblaient plutôt d’accord avec son point de vue. Tout le monde était armé, même l’Empereur qui avait dessiné quelque chose dans le fond plein de sauce d’un plat de viande presque vide. Miloslaw se sentait bien nu et petit à côté d’eux. Il n’avait que cette grosse boule dans la poche pour se défendre. Quelque chose siffla dans l’air, un éclair bleuté passa devant ses yeux et stoppa un trait. Il écarquilla les yeux et bloqua sa respiration en comprenant ce qui venait de se passer. Si Lucius avait réagit un millième de seconde plus tard, il aurait eu la tête transpercée. Et peut-être bien qu’il ne s’en serait pas remis. Cette flèche ne fut pas la seule à être décochée. Il était évident qu’ils étaient cernés. Le prince Yvan renversa la grande table, projetant aliments, sauce et vaisselle. Apparemment, il y avait un endroit que les assaillants n’occupaient pas, ce qui faisait de cette table un excellent bouclier. Milo ne tarda pas et alla se réfugier derrière avec les autres.
Tout le monde se battait, tout le monde sauf Miloslaw. A sa manière, chacun essayait de débusquer et de toucher les attaquants qui décochaient désormais leurs flèches avec une rapidité hors du commun. Malgré les feux flamboyants, ils ne pouvaient les voir. Pourquoi ? Le garçon n’eut pas la réponse à sa question, mais il en débusqua un tout à fait par hasard. La fille de monsieur Taesch écrasa par erreur le pan de sa chemise qui traînait par terre. Dans un mouvement réflexe, il se retourna un peu pour se dégager. Juste assez pour voir que tout à fait soudainement, un homme enveloppé de tissus noirs et armé d’une dague courbé venait d’apparaître derrière Lucius. Il avait ce curieux blason de cheval en bois au niveau de son cœur. Personne ne l’avait remarqué. Miloslaw ne sachant quoi faire, il laissa sa stupidité réagir. Sa main plongea dans sa poche et il balança la pelote d’or. La boule frappa la tempe de l’assassin, qui eut un mouvement de recul surprit. Du sang maculant sa surface, la boule heurta le sol avec un bruit sonore et roula plus loin. Un grand flash de lumière, aveuglant à souhait, envahit toute la salle de festin. Miloslaw ne vit pas grand chose, à part une paire d’yeux jaunes lumineux et terrifiants, ainsi que d’immenses crocs luisants. Il y eut un craquement sinistre, un bref cri et l’assassin disparut. Le temps que ses yeux aient recouvré toutes leurs capacités, la chose géante qui venait de manger l’homme avait laissé la place à un minuscule petit chat aux poils noirs et ébouriffés. Il avait un peu de sang sur le nez.
Pendant ce temps, il se passait quelque chose de presque plus spectaculaire dans la salle de bal. Quelqu’un avait trouvé un moyen de débusquer les assaillants un par un. Ils tombaient comme des mouches, devenant soudain visibles et mourant dans des conditions assez dégoûtantes. Miloslaw n’avait jamais vu autant de cervelle de sa vie.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Dim 25 Fév - 12:08
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Le combat était inégal, en leur faveur. Taesch Condé virevoltait dans la salle, faisant gicler le sang par rivières. Roman se joignit soudain à lui, sorti de nulle part, et leurs efforts combinés sonnèrent la fin des attaquants du manoir Von Hochen. Les forces musculaires eurent tôt fait de terminer le travail une fois les assaillants débusqués et tout d’un coup le calme s’abattit sur eux. Plus de trait volant à travers la pièce, plus de râles d’agonie. Miloslaw osa se relever et jeter des coups d’œil tout autour de lui. Il semblait bien qu’il ne restait plus personne à tuer. Le jeune homme baissa les yeux pour examiner le petit chat qui avait tout d’un monstre, sauf qu’il avait disparu. Seule restait la pelote en or, désormais scindée en deux. Il ramassa l’objet précieux et le regarda de près. Rien ne permettait de conclure à une méthode de soudage. Pas de résidus de colle, pas de charnières... Comme si les deux morceaux n’avaient jamais été destinés à finir réunis.
Il enjamba un pied de table pour rejoindre le centre du massacre. Il ne se sentait pas mal devant ce spectacle, ce qui était une bonne chose. D’après ses instructeurs de l’école des majordomes, un serviteur de la noblesse devait avoir le cœur bien accroché, car les cadavres étaient fréquents et le poison donnait rarement de jolies choses. La plupart des gens ne supportaient pas de telles visions, ils étaient habitués à des tas de cendres ou une décapitation propre et nette. Milo regarda Roman s’avancer vers Lucius et lui, apparemment content de ses exploits même s’il avait du mal à mettre un pied devant l’autre. On aurait dit qu’il avait trop bu. L’assassin enlaça son cousin avant de se tourner vers le garçon de compagnie.
« Ce n’est rien, » marmonna Miloslaw après avoir reçu les excuses de Roman.
Fatigué, il s’était contenté d’une banale politesse. Peut-être que plus tard, quand toute l’émotion se serait évaporée, il considérerait ce geste un peu plus. Cela fit rire les deux cousins, sans que Miloslaw ne comprenne vraiment pourquoi. Il supposa que les deux princes se moquaient de lui. Pourtant, ce n’était pas le cas. Il apprit avec beaucoup de surprise le handicap qui affectait Roman.
« Vraiment ? Ca ne se voit pas du tout ! »
Se rendant compte trop tard de sa bêtise, il plaqua sa main sur sa bouche. Un geste que Roman ne pouvait pas voir. Mais avant qu’il puisse s’excuser, Taesch et le prince Yvan s’échangeaient quelques mots intéressants. Miloslaw leur prêta une attention discrète. Ainsi donc, ce n’était pas après le prince Lucius qu’ils en avaient, mais Yvan von Dast. Curieux, dans ce cas, qu’ils s’en prennent précisément à l’héritier du trône impérial. Il y avait certainement bien d’autres façons de punir Yvan. Miloslaw avait envie de savoir ce qui s’était passé exactement entre la maison du Veston et le prince Noir, il voulait savoir ce que Lucius avait à voir là-dedans et il comptait bien fouiner pour satisfaire cette curiosité. Pour l’instant, néanmoins, il devait faire bonne figure auprès de Lucius. Alors il vint s’asseoir à côté de lui et l’imita en vidant un verre de liqueur, plein celui-ci. Sa bouche le brûla.
« Prince Lucius, nous devrions rentrer. Vos cheveux sont entièrement noirs et vous ne semblez pas aller bien. »
Alfred intervint alors pour signaler que des chambres avaient été mises à la disposition des invités et qu’il n’y avait aucun besoin de retourner au palais impérial. Parfait, songea Miloslaw. La bibliothèque des Von Hochen possédait une réputation internationale et ce serait un bon point de départ pour sa petite enquête. Bien sûr, celle-ci ne pourrait se dispenser d’un petit tour dans les bas-fond de Ravenwell, mais ce n’était certainement pas ça qui faisait peur à Milo.
« Vous avez entendu, prince Lucius ? Je vous y emmène de ce pas. »
Grâce à l’état de Lucius, Miloslaw ne rencontra pas de résistance et il grimpa d’un pas un peu chancelant jusqu’à l’étage des chambres. Quand ils passèrent devant les portes de la bibliothèque, il tâcha de mémoriser le chemin pour la retrouver le plus rapidement possible. Finalement, ils s’arrêtèrent devant la chambre indiquée par Alfred. Miloslaw ouvrit la porte pour découvrir un endroit bien plus chaleureux que ce à quoi il s’attendait et ses yeux s’arrêtèrent d’une façon tout à fait inhabituelle sur la petite bibliothèque qui la meublait. Et si ce qu’il cherchait se trouvait déjà ici ? Ce serait tout de même difficile pour lui de se concentrer sur la maison du Veston avec le prince endormi pas loin.
« Et voilà, prince Lucius. Je vous laisse à votre sommeil. Qu’il soit paisible et reposant. »
Il s’inclina brièvement et fit volte-face pour quitter la chambre.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Mar 27 Fév - 21:29
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Cette nuit était celle où Milo comprit que sa vie allait être un véritable chemin semé d’embûches. Servir le prince Lucius, être son garçon de compagnie, était plus qu’un job. C’était devenu son état. Il n’avait plus d’autre identité désormais. La seule façon pour lui d’évoluer serait de révéler sa véritable identité à la famille impériale. Il était cependant bien trop tôt. Et puis il voulait s’assurer que ça n’allait pas créer une scission dans le couple. Son dernier souhait était bien de séparer Luscka von Hochen et Elijah von Dast.
Suite à la demande de Lucius, Miloslaw garda le silence quelques secondes, le visage neutre et dirigé vers l’héritier affalé sur le lit. Il semblait mal, à cause de quelque chose qui se tramerait dans sa tête lourdement couronnée. Outre le fait qu’il s’agissait de son devoir, Milo décida de rester par bonté de cœur. Il n’avait pas l’impression d’avoir le choix. C’était son frère, après tout. Il ne pouvait pas l’abandonner. Avec un sourire jovial, il clama donc :
« Bien entendu, prince Lucius ! »
Il retira ses bottines encore propres et s’allongea à côté de Lux, se mettant à contempler le plafond. Devait-il entamer une conversation ? Lui prendre la main pour le rassurer ? Au moment où il commençait à envisager la possibilité de le prendre dans ses bras, il vit Lucius bouger dans sa direction du coin de l’œil. Il avait donc vu juste, songea-t-il. Il voulait un câlin !
Le compliment qui suivit ravi le garçon de compagnie et surtout le frère caché en lui. Miloslaw pivota très légèrement, assez pour lever son bras et le déposer autour des épaules de Lucius. Tout se passa bien, sauf le baiser. Ce contact lèvres contre lèvres n’était pas normal. En plus, il y avait une espèce d’électricité statique entre eux. Les doigts de Milo se crispèrent sur l’épaule de Lucius et il l’agrippa fermement pour l’obliger à reculer. Horrifié, dégoûté, il réfléchit à toute vitesse pour essayer de comprendre comment il avait pu induire le prince hériter en erreur à ce point !
« Lucius, non ! s’exclama-t-il avec une peur non dissimulée. Il ne faut pas ! C’est sale ! C’est...»
Le regard du prince qui suivit ses paroles le fit flancher. Il déglutit avec difficulté et bondit du lit, avant de marcher nerveusement dans la chambre. Il devait le lui dire, sinon Lucius allait mal le prendre. D’un autre côté, il avait terriblement peur des conséquences.
« Prince Lucius, c’est compliqué à expliquer... Je ne voulais pas vous le dire tout de suite. On ne peut pas avoir ce genre de relation. Je suis votre... Garçon de compagnie. Et puis vous êtes... Fiancé. Et puis nous, on est... Enfin vous êtes comme un petit frère pour moi. »
Il se tordait les mains, cherchant à tout prix une bonne excuse qui ne foutrait pas tout en l’air. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à l’image de la famille impériale déchirée à cause de son existence. C’était trop tôt, trop tôt.
« Je ne suis pas gay ! J’aime les filles, c’est tout ! »
Un mensonge pur, qui allait l’obliger à surveiller son comportement. Mais c’était toujours mieux que la vérité, pour le moment en tout cas. Attendant le verdict, il se posta devant les pieds du lit, raide comme un piquet. Lucius allait-il piquer une colère que seul pouvait se permettre l’héritier du trône impérial ? Ou bien allait-il avaler ses arguments ?
C’est alors qu’une petite boule de poils noirs sauta du sol sur le milieu du lit, coupant court au drame qui se déroulait dans la chambre surchauffée. Le chat qui était semblait-il né de la pelote d’or se mit à parler d’une voix étrange et difficilement descriptible.
« J’en ai ras la couenne d’attendre que vous ayez fini. On peut passer au truc le plus important de la soirée ? C’est à dire moi, pour ceux qui douteraient. Hum, hum ! »
Il tapota son poitrail de sa minuscule patte en prenant un air très important, ce qui constituait un spectacle plutôt déstabilisant.
« Je m’appelle Lucifer. »
Milo lâcha un «QUOI ?» impoli et sonore. Lucifer, là, juste devant lui, sous la forme d’un chaton ? Ce n’était pas possible. En théorie, ça l’était, mais que faisait Lucifer ici et comment avait-il fini dans cette boule ? Trop de questions venaient s’ajouter à une situation personnelle déjà bien compliquée. Est-ce qu’il pouvait démissionner de la vie ?
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Dim 4 Mar - 10:44
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
La situation était étrange, beaucoup trop étrange. Bien entendu, Milo était un fervent pratiquant du satanisme et rencontrer Lucifer en personne aurait dû le combler d’une certain manière. Il sentait qu’il devrait se prosterner et se mettre à son service, mais devant un chaton ? Si seulement il leur était apparu sous la forme d’un homme démoniaque cornu et auréolé de la magie infernale, il n’aurait pas hésité. En tout cas, l’apparition tombait au bon moment, en quelque sorte. Miloslaw avait vu les yeux de Lucius se mettre à briller sous l’effet des larmes, il avait vu son visage passer par la colère et peut-être la tristesse, une immense tristesse. Il se sentait mal, coupable. Il aurait dû lui avouer la vérité, mais il ne le pouvait pas. Il avait trop peur. Lucifer subit l’examen du prince héritier, qui semblait drôlement s’y connaître. Ce qui était sans doute normal, pour l’enfant d’Elijah von Dast. Il s’avéra qu’il était non pas Lucifer en personne - Milo se détendit sensiblement à cette nouvelle - mais l’un de ses enfants. Egalement celui de Lilith, s’il avait bien suivi. Ce chaton était donc quelqu’un d’extrêmement important. A coup sûr, c’était après le prince Lucius qu’il en avait. Après tout, pourquoi se serait-il intéressé à quelqu’un comme Milo ?
Après s’être léché les babines, le chat grimpa l’un des piliers du lit et se gonfla d’importance. Il ressemblait tout à fait à un véritable chat, bien orgueilleux. De sa voix toujours aussi étrange et difficilement descriptible, il commença à conter son histoire.
« Je suis arrivé ici, non par pur hasard ou malchance, mais bien par le fait de ma subtile intelligence et de ma capacité à prévoir ce qui va se passer. Il y a maintenant mille cinq cents ans, c’est vous dire si j’avais prévu mon plan de longue date, un maléficien - que vous appelleriez aujourd’hui invocateur - m’a invoqué dans ce plan pour nourrir ses noirs desseins de conquête. Je cédai pour tromper mon monde et accomplis les quelques menus travaux qu’il m’imposât. Quand j’en sus assez sur ce monde, je provoquai sa mort. Orgueilleux qu’il était, je le laissai s’essayer à l’invocation de Lilith. Enfin, bien sûr, je la lui avais suggérée très habilement et il ne se rendit aucunement compte de mon implication. Toujours est-il qu’il déploya de grands pouvoirs, une immense puissance, mais ne parvint pas au but. Un arc d’énergie trancha la poutre au-dessus de lui et il finit écrasé, bien stupidement. Quand à moi, j’étais alors enfermé dans une fiole, car il comptait utiliser mon énergie vitale dans le processus. Evidemment, comme je l’ai déjà signalé, tout faisait partie de mon grand plan et était minutieusement calculé. Je restai ainsi quelques années, au milieu des débris et côtoyant un corps en décomposition, jusqu’à ce qu’un jeune fermier un peu aventureux ose se promener dans cette partie des bois où le maléficien aimait s’isoler. Il me découvrit, moi petite boule de lumière flottante dans une fiole scellée, et me ramena ainsi qu’un bête objet de curiosité dans sa demeure. Quelques temps passèrent encore mais je ne m’inquiétais pas, je savais que mon heure allait bientôt venir. Le jeune fermier vieillit, prit possession de la ferme familiale et eut des enfants. L’un d’eux, bête comme ses pieds, fit tomber la fiole. Evidemment, je l’avais prévu. Je fus libéré et me fis passer pour un génie exauceur de souhaits, comme on le disait à l’époque dans ce petit village, parce qu’on n’y parlait pas très bien. L’enfant me demanda d’abord un joli cheval de bois à bascule, je le lui offris sans effort. Se rendant compte de la réalité de ma puissance, il commença à me vénérer et je sus que dès lors, je pouvais en faire ce que je voulais. Je lui expliquai donc que je ne pouvais exaucer que trois souhaits. Boudeur, il souhaita que ses vœux soient illimités et je lui ris au nez. Il m’enferma ensuite dans une toute petite jarre scellé d’un bouchon de liège saupoudré de gros sel et je lui laissai croire que sa vieille astuce de grand mère fonctionnait. Il me trimballa un peu partout dans l’empire, jusqu’ici, Ravenwell. Là, il se dégota un mage, comme on disait à l’époque. Le mage lui donna un dessin, un schéma, et le gamin partit pour le duché de Hochen, où il pouvait trouver le seul forgeron capable d’honorer la commande qu’il voulait lui faire. Cette commande, c’était la pelote en or. Grâce à cette pelote, lui avait promis le mage, il pourrait me contraindre à exaucer tous ses souhaits tant que j’y serai enfermé. J’étais au comble de la joie, car toutes mes prévisions se vérifiaient à la perfection. Le forgeron de Hochen m’enferma donc dans cette pelote d’or, mais il ne me rendit pas au fermier, qui avait été assez benêt pour tout lui expliquer. Il le tua d’un coup de faucille et m’utilisa. Bien sûr, cette pelote ne me retenait pas, c’eut été bien stupide pour un démon de mon rang. Elle me servait en revanche de véhicule et cet idiot de forgeron dont j’exauçais par amusement les vœux ignorait à quel point je me servais de lui ! Bref, me voilà de retour à Ravenwell après quelques temps. J’avais appris tout ce que je souhaitais savoir et il était temps de me débarrasser de mon valet. Comme tous les autres, il mourut, assez bêtement d’ailleurs. »
Milo plaça sa main devant sa bouche pour masquer un bâillement qu’il avait finalement, après de longues minutes, échoué à retenir. Il n’y connaissait pour ainsi dire rien en théologie ou démonologie, mais il avait assez côtoyé le bas peuple de Ravenwell pour être sûr d’une chose. Ce chaton était un vrai mythomane. Il y avait probablement du vrai dans ce qu’il disait et il était évident qu’il n’était pas qu’un petit chat. Il restait que le respect qu’il ressentait pour lui avait grandement diminué.
Le chaton continua à babiller sur la mort des uns et des autres, il suivait son grand plan affirmait-il. Tout ça pour finir dans une vente aux enchères qui était censé avoir lieu aujourd’hui mais qui avait sûrement été annulée puisqu’un voleur y avait mis son grain de sel. Quand il eut terminé, le chaton démoniaque se tourna face à Miloslaw et le scruta de ses yeux jaunes pernicieux.
« Je ne t’ai pas choisi par hasard, cher Milo. Je connais ton secret. En fait, je connais tous tes secrets, mais sache que je connais aussi celui que tu cherches à cacher.»
Milo se raidit un peu, la peur prit le dessus. Il devait trouver une parade et vite. Qui sait ? Ce chaton savait peut-être réellement qu’il était le fils d’Elijah von Dast. Alors il le choppa par la peau du cou et l’amena devant son visage, gardant une distance suffisante pour s’éviter des coups de griffes.
« Toi, un petit chat, tu serais Lucifer en personne ? Tu m’as l’air d’un gros menteur. Prince Lucius, nous ne devrions pas perdre de temps avec cet animal parlant. »
Il le jeta au milieu du lit, où le chat rebondit plusieurs fois avant de finir contre le mollet du prince.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Mar 3 Avr - 14:50
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Milo retint son souffle le temps que Lucius décide quoi faire du chaton démoniaque. Il ne lui accorda fort heureusement aucun crédit au sujet de ses élucubrations insensées et ne mentionna même pas le fameux secret du garçon de compagnie. Par contre, il décida de le garder. Pire encore, il décréta que ce serait à Miloslaw de s’occuper de lui. Pour quoi faire, franchement ? Il ne savait pas se battre, pas dans les règles de l’art. Il pouvait éventuellement se bagarrer quand l’adversaire n’était pas trop imposant. A Ravenwell, il était rare qu’il gagne un combat, les gens d’ici semblaient tous doués dans l’art de donner des coups qui faisaient mal. Malgré tout le temps qu’il avait passé ici, il n’avait jamais réussi à atteindre un niveau respectable. Peut-être parce qu’il préférait généralement prendre la poudre d’escampette avant de se retrouver avec le nez cassé. Ces choses-là se remettaient très vite mais étaient incroyablement douloureuses.
L’ultimatum lancé, le chaton démoniaque, Luce comme l’avait surnommé le prince, rejoignit docilement la place qui venait de lui être attribuée près du feu. Miloslaw regarda sans y penser Lucius se mettre nu, puis quand les creux de son bas-ventre commencèrent à apparaître, il détourna pudiquement les yeux. Vu ce qui venait de se passer entre eux, le garçon de compagnie ne devait pas laisser planer le doute sur ses intentions. La vision de l’intimité du prince n’aurait rien éveillé en lui, il était son frère après tout, mais Lucius n’était pas au courant. Il devait le mettre au courant.
Le prince se cacha sous les draps et lui proposa de choisir comment passer sa nuit. Miloslaw déglutit doucement, indécis. Il avait envie de tout lui raconter, de lever le voile du mensonge qu’il avait créé. Mais la présence du démon félin le retint et il s’inclina bassement et lentement.
« Que vos rêves soient prophétiques et optimistes, prince Lucius. Je viendrai vous réveiller au crépuscule. »
Sur cet au revoir, il pivota et prit la porte. Dès qu’il aurait un moment, il devrait aussi s’occuper de ce démon qui venait de s’incruster dans son quotidien déjà bien perturbé. Avant de lui apprendre quoi que ce soit, il veillerait à avoir une discussion privée avec lui. Il l’aurait bien fait dès maintenant, si Lucius ne lui avait pas déjà confié un couchage dans sa propre chambre. Miloslaw devait vérifier de quel secret parlait Luce et, s’il s’agissait bien de ce qu’il soupçonnait, trouver un moyen de s’assurer son silence. S’il le fallait, il le tuerait. Les enjeux étaient bien trop importants et leur contrôle complètement hors de la portée du garçon de compagnie. En refermant la porte, Milo ressentit une profonde tristesse. Il avait le sentiment d’abandonner Lucius. Est-ce qu’il pleurait déjà, silencieusement, parce qu’il l’avait repoussé ? Le pauvre jeune héritier impérial ne devait pas subir de tels traitements bien souvent. Sa sœur étant encore très jeune, il devait être la coqueluche de la cour. Celui qui attirait tous les regards.
Les mains dans les poches, Miloslaw se mit à arpenter le couloir du manoir. Il se rendit compte qu’il commençait à sérieusement accuser la fatigue avec toutes ces péripéties. Et il ne savait pas où dormir. Au moment où il pensait qu’il devrait essayer de mettre la main sur le majordome, il croisa Théophile. Au début content de son sort, il se rendit compte de l’incongruité de la présence de l’homme. Arrivé devant lui, il ne mâcha pas ses mots.
« Que faites-vous ici Théophile ? On n’a pas besoin de vous au château ? »
Le majordome lui jeta un regard à la fois méprisant et amusé.
« Je n’ai franchement pas à m’expliquer devant un petit garçon de compagnie. Mais je vais être généreux. Il y a eu une attaque sur les personnes impériales. Ma présence est donc on ne peut plus justifiée. De plus, il ne serait pas correct de laisser le majordome de cette maisonnée entreprendre seul le nettoyage. J’ai amené quelques gens du château avec moi. »
Voilà pourquoi Théophile était un si grand majordome. Il avait la vivacité d’esprit nécessaire pour servir l’empereur et sa famille. Impressionné, Miloslaw se laissa prendre au dépourvu par la question qui lui fut posée et bégaya maladroitement sa réponse.
« Vous, que faites-vous ? - Ah et bien, je… Le prince, il m’a congédié jusqu’à demain et… Je cherchais. Une chambre. Pour dormir. »
Un sourire énigmatique étira les lèvres de Théophile et Miloslaw frémit violemment. Il allait se passer quelque chose.
Miloslaw alluma d’abord toutes les bougies, puis rajouta deux bûches dans l’âtre. Le chaton démoniaque se réveilla en premier, baillant et s’étirant. Ne faisant pas attention à lui pour l’instant, le garçon de compagnie attira quelques vêtements qui iraient à Lucius et les déposa soigneusement sur une chaise, en essayant de ne pas les déplier. Après s’être assuré que le sang qu’il avait apporté pour le prince était encore tiède, il le secoua doucement.
« Prince Lucius ! C’est l’heure de se lever ! Un copieux petit déjeuner vous attend en bas et votre famille souhaite chevaucher en forêt avec vous. »
Miloslaw n’avait pas oublié ce qui s’était passé la veille mais sa bonne humeur était assez envahissante pour qu’il ne se laisse pas démoraliser par ce souvenir. Il était aussi fier de sa tenue, très stricte, propre et parfaite en tous points. C’était Théophile qui l’avait habillé, il ne pouvait pas en être autrement.
« Prince Lucius ! Je vous ai apporté un peu de sang ! »
Messages : 79 Date d'inscription : 06/01/2018 Age : 22 Localisation : La bibliothèque !
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Héritier de la Couronne Rang : Prince
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Mar 3 Avr - 16:20
Cheval de bois et pelote d'orLa naissance de Lubalai avait perturbé Lucius, quand il était plus jeune. Il l’avait détestée avant de l’aimer. Apparemment, il en allait toujours de même pour les premiers princes.Yvan avait été très compréhensif sur ce genre de sujet, Yvan le comprenait mieux que ses propres parents dans bien des cas. Il était une sorte de balise, une sorte de mentor. Pendant un moment, Lucius avait souhaité être comme lui, fort et belliqueux, avant de se rendre compte que sa force était dans sa magie et dans son intelligence. Peut-être qu’Yvan comprendrait son attirance pour cet énigmatique garçon de compagnie. Même le prénom de cet homme ne cessait de le hanter. Miloslaw. Il sentait qu’il renfermait une puissance informe, quelque chose de magique qui méritait d’être travaillé et façonné. Les noms avaient une importance capitale dans la plupart des sorts, ils renfermaient des secrets, des capacités insoupçonnées. Ils pouvaient devenir des armes ou des boucliers, dans bien des cas. Parfois, ils étaient bien plus que cela. Il failli demander à Milo de faire passer un disque dans son grammophone mais il n’avait pas envie de lui parler, pas plus que ce qu’il venait de faire. Milo le punissait d’avoir été trop gourmand alors très bien, Lucius le punirait de ne pas avoir voulu de lui. Il savait combien c’était mauvais, égoïste. Il savait aussi combien ce genre de comportement le ferait passer pour un enfoiré aux yeux des autres serviteurs s’ils l’apprenaient mais il s’en foutait royalement. Princièrement, même. Courtiser un serviteur aurait été stupide de sa part mais si Milo avait voulu, ils auraient pu se fréquenter, tout de même. Bien sûr, Miloslaw valait mieux que cela, apparemment. Est-ce qu’il baisait son père ? Son oncle ? Est-ce que c’était comme ça qu’il avait obtenu cette place ? Il se retourna dans son lit. Il ne devait pas penser comme ça. S’éprendre aussi facilement de quelqu’un d’aussi bas était d’une stupidité sans nom mais son grand père Emilien le disait bien souvent ‘le cœur est un oiseau fragile qui choisit lui même où faire son nid’. Poétiquement, cela voulait dire qu’on ne choisissait pas qui l’on aimait. Ce qui était foutument logique. Et qui faisait sens de la meilleure des façons quand on voyait le couple que ses grands parents Von Dast formaient. Un Empereur et une ancienne humaine. Dans ce cas là, on pouvait bien dire “Tel grand père, tel petit fils.”. Un serviteur putain ! Et un serviteur qui ne pourrait même pas lui donner d’enfants. Il devait tuer cette amourette dans l’œuf, de lui même, avant que ses parents ne l’apprennent et qu’ils ne lui arrachent Milo. Un frère, le serviteur devait être un frère pour lui. Il était tenté de sortir de sa chambre, de cueillir un garde devant sa porte et de l’entraîner dans son lit. Mais permettre à un garde de l’avoir fâcherait encore ses parents et il savait bien que cela ne résoudrait pas son problème. Alors il se recroquevilla dans le fond de son lit, ordonnant au chaton de lui tenir compagnie. Et quand il s’endormit, ce ne fut pas sans avoir pleuré un bon coup, sans vraiment savoir si ce qu’il tentait d’expulser était de la tristesse ou de la rage.
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Mar 3 Avr - 17:12
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
Enfin, Lucius manifesta son réveil et un signe qu’il allait se lever. Miloslaw lui sourit et se pencha pour servir une coupe de sang au prince. Cependant, la réplique de ce dernier le coupa dans son élan. Milo savait très bien ce qui avait provoqué ces mots, mais il choisit de ne pas rentrer dans ce jeu-là, ainsi qu’on le lui avait appris à l’école des majordomes. Il fit donc mine de ne pas avoir relevé le sous-entendu flagrant et versa du liquide sirupeux dans le gobelet d’argent finement ciselé. Le dessin qui marquait le pourtour de la coupe représentait une chasse à cour. L’animal était un gigantesque sanglier, de la taille d’un bon grizzli. Voilà une pièce qui venait à coup sûr de la capitale de Hochen, peut-être bien qu’elle était le fruit d’une commande pour ce manoir. Miloslaw goûta un peu de sang normalement destiné à Lucius, occupé à se rafraîchir le visage. Reposant la coupe, il rétorqua :
« Si le sang est amer, il n’a ni le goût de la trahison, ni celui de la tromperie, prince Lucius. Sûrement parce que je ne l’ai pas moi-même préparé. Soyez rassuré ! »
Il ne laissa filtrer aucune émotion particulière dans sa voix, si ce n’était la vivacité qui le caractérisait en cette soirée. Il ignorait pourquoi, mais il supposait que c’était parce qu’il avait passé du temps dans le manoir de sa lointaine famille.
Sur ordre de Lucius, il le rejoignit pour lui faire revêtir les vêtements qu’il avait lui-même préparés en vue de la chevauchée. Il s’était déjà entraîné sur des camarades de classe et n’était pas mauvais en ce domaine, mais Lucius ne lui avait jamais demandé de faire une telle chose jusque là. Il se trouvait tout stressé, soucieux de ne pas se rater. Il avait l’impression que Lucius comptait enfin sur lui, il l’autorisait à le toucher et lui donnait sa confiance. Miloslaw se montra donc très pointilleux et surtout, il essaya de ne pas toucher la peau du prince héritier. Ce n’était pas le moment de commettre ce genre de bourde. Comme il hésitait à lui révéler son secret, un œil rivé sur le chat, Miloslaw se vit contraint à répondre à une question. Ou plutôt une flopée de questions.
« Et bien… Les Von Hochen, mon prince. Mais il y aura certainement votre oncle Yvan. Et probablement monsieur Taesch, ainsi que sa fille, bien que je n’en sois pas certain. Les informations que l’on m’a communiquées n’étaient pas… Très précises. »
Il termina de l’habiller, espérant ne pas avoir été trop long.
« Est-ce que cela vous va, prince Lucius ? »
Il se mordit la lèvre inférieure, espérant que pour son premier essai, Lux n’allait pas dénigrer tout son travail. En attendant les résultats de l’inspection, il remplit de nouveau la coupe et l’apporta au prince. Ensuite, il se dirigea vers la cheminée devant laquelle était lové Luce, le chaton démoniaque. Il le saisit par la peau du cou et le rangea dans le creux de son coude replié.
« Pendant que vous prendrez le petit déjeuner, je serai à la cuisine avec le chaton. Si vous le permettez, mon prince. »
Il tâchait de garder sa gaieté du réveil, qui semblait-il n’atteignait en aucune façon Lucius. Ce dernier avait été très sec avec lui. De toute évidence, il lui en voulait énormément pour s’être refusé à lui. Miloslaw espérait que son demi-frère se calmerait tout seul. A coup sûr, cette petite escapade en forêt lui ferait le plus grand bien. Il passerait du temps avec sa famille. Quant à Milo, il serait en fin de groupe, avec les quelques serviteurs qui accompagnaient la promenade. Il devait aussi se débrouiller pour avoir un moment seul avec Lucius au cours de la nuit. Maintenant que c’était devenu difficile, il brûlait de tout lui raconter. Pourquoi ne l’avait-il pas fait plus tôt ? Quelle réaction stupide il avait eue ! Le mensonge, l’hésitation… Tout ça allait peut-être bien lui coûter ce qu’il avait cherché à sauvegarder en gardant le silence !
Messages : 79 Date d'inscription : 06/01/2018 Age : 22 Localisation : La bibliothèque !
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Héritier de la Couronne Rang : Prince
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Jeu 5 Avr - 18:00
Cheval de bois et pelote d'orLucius en voulait beaucoup à Milo mais il ne pouvait que comprendre les moteurs de ses motivations. Il voulait un bon salaire, une bonne position. Peut-être qu’il avait repéré Théophile ou peut-être bien qu’ils étaient tombés amoureux sans même s’en rendre compte. Peut-être que Théophile avait envisagé cette relation sous l’étoile de la praticité : un homme ne pouvait pas être enceinte, ne pouvait pas attendre un enfant qui deviendrait un jour un bâtard. Il ne pouvait pas voir leur relation être baptisée des éloges de la famille des Butler alors ils avaient dû s’aimer en secret et quand Milo avait quitté l’école des majordomes, à cause de ses multiples échecs, ils avaient décidé de le placer chez les Von Dast, de façon bien moins officieuse. Ce ne pouvait être que cela : un garçon comme Milo, sans nom de famille important, ne pouvait être arrivé à ce poste de manière légitime. Il regarda la coupe que Milo lui avait servie. Il ne pourrait rien avaler de ce que le jeune majordome lui aurait servi. Il ne pourrait rien avaler d’ailleurs. Il abhorrait le mensonge et la façon dont il s’imaginait l’arrivée de Milo à ses côtés lui retournait l’estomac. Est-ce qu’il se souciait seulement de lui ? Est-ce qu’il avait été triste d’autre chose que du fait de perdre son boulot quand Lucius avait failli mourir ? Lucius le détestait autant que son cœur souffrait déjà du manque de leur embryon de relation. Il comprenait désormais qu’il avait été trop gourmand. On ne pouvait pas être jeune, beau, riche, puissant et heureux en amour. Il soupira doucement alors que Milo serrait les nœuds de ses manches. Il savait d’expérience qu’ils étaient horribles à faire d’une seule main mais le serviteur pouvait se servir des deux alors ce devait être un jeu d’enfant pour lui. Pourquoi les choses étaient-elles toujours si facile pour les serviteurs ? Il lâcha un nouveau soupir et se regarda dans le miroir. S’il se concentrait sur ses quatre sens de démons - il en avait neuf au total mais la plupart des gens ne le savaient pas, c’était bien trop flippant - il pouvait entendre le crépitement de la viande que l’on faisait rôtir. Il pouvait entendre sa soeur lécher une glace - probablement un sorbet à la pêche de vignes - et il pouvait aussi ressentir le désir d’Yvan de frapper un serviteur qui avait eu le malheur de bousculer Isobel. Les paroles du serviteurs le ramenèrent à la réalité de ses cinq sens ordinaires et il sourit doucement. Cruellement. “ Pas précises ? Peut-être que Théophile devrait s’entraîner à briefer les serviteurs plus efficacement pendant qu’il les tronche.” Il monta sur un tabouret face à son miroir triptyque et délaça un peu sa chemise au niveau du col. Il ajouta quelques bijoux et redescendit. “Ça peut aller.” Il posa sa couronne sur ses cheveux. Elle était aussi légère en ce jour qu’un simple morceau de métal. Ses parents s’étaient toujours assuré qu’il ne souffre pas trop des affaires de l’état mais ses soucis sentimentaux lui faisaient tout à coup oublier sa condition de prince. “Je le permets. Ce doit être une tâche à la hauteur de tes médiocres capacités, monsieur Kotka. Mais assure toi d’être à mes côtés quand le cortège de chasse s’élancera.”
Messages : 103 Date d'inscription : 11/12/2017 Age : 25 Localisation : Là où IL est.
Carnet de Bal Race : Vampire Emploi: Garçon de compagnie Rang : Roturier
Sujet: Re: Deuxième pari ♦ Cheval de bois et pelote d'or #Luslaw Jeu 5 Avr - 18:47
Cheval de bois et pelote d'or feat. Lucius von Dast
La réponse de Lucius le glaça jusqu’à l’échine, aussi sûrement que s’il venait de l’envelopper d’une gangue de glace par magie. Miloslaw ne bougea plus pendant quelques secondes, les doigts légèrement tremblants. Il essayait de digérer la réplique acide du prince. Alors il savait ? Mais comment ? Sûrement ce salopard de chaton à la gomme qui l’avait espionné et avait tout rapporté à Lux ! C’était une réponse ridicule, mais il n’en voyait aucune autre. Se reprenant, il poursuivit son habillage du prince, retenant sa langue. Il avait tellement envie de lui demander d’où il tenait son information, lui dire que ce n’était pas Théophile qui lui avait donné ses ordres pour la sortie à cheval, le supplier de cesser d’être ainsi en colère après lui. Mais ça ne ferait probablement qu’empirer les choses, alors il se tût.
Sa bonne humeur atténuée par l’attitude de Lucius refit surface dès que le garçon de compagnie eut rejoint les cuisines en compagnie du démon Luce. Il s’était informé auprès d’Alfred et savait qu’il avait une bonne heure de libre avant de devoir se présenter aux écuries du manoir. Plaisantant avec aisance en compagnie des serviteurs, il se sustenta et nourrit le chaton en lui lançant de minuscules bouts de viande crue. De l’ours. Il réserva quinze minutes à son habillage. Il ne pouvait pas courir la forêt avec ses chaussures vernies ! Le personnel du manoir se montra plus que conciliant pour l’aider dans cette tâche. Aussi, quand il apparut au milieu de la noblesse déjà partiellement à cheval, il avait l’allure d’un cavalier. Pantalon moulant et souple, bottes de cuir, veste courte et chemise noire. Il avait bien sûr gardé ses gants gris et une cravate assortie. Il ne fallait pas qu’on puisse le confondre avec l’un des membres de la famille impériale ! On lui indiqua un cheval, qui ne payait pas de mine à côté des autres montures – en particulier les licornes – mais qui semblait vigoureux. Il le monta sans trop de mal, n’étant plus habitué à chevaucher. C’était quelque chose qu’il pratiquait régulièrement dans la ferme de son enfance, plus beaucoup depuis son emménagement à Ravenwell. L’équitation n’était pas une pratique courante chez les majordomes, plutôt confinés au foyer. Lucius vint le trouver tout de suite, juché sur son magnifique destrier. Miloslaw lui sourit largement, bien que l’humeur du prince ne semblait pas s’être améliorée. La pique qu’il lui lança confirma largement ses soupçons.
« J’étais simplement en train de me changer, prince Lucius. Ce retard ne se répétera pas. »
Il inclina légèrement la tête et soupira discrètement quand Lux détourna la tête, semblant se désintéresser de lui. Alors qu’ils attendaient le départ, la fille de Taesch Condé se trouva un peu par hasard à côté de lui. Miloslaw ne réussit à se contenir qu’une trentaine de secondes avant de lancer la conversation. Il lui semblait qu’il ne devait pas avoir peur de s’adresser à Charlette. Au moins, il était à peu près certain qu’elle ne le rembarrerait pas comme Lux se plaisait à le faire aujourd’hui.
« C’est une vraie licorne, dame Charlette ? Elle est si belle ! Je n’en avais jamais vue ! Je doutais même de leur existence en fait ! Vous savez, chez moi, on monte des montures beaucoup plus imposantes ! »
Ils échangèrent agréablement, juste un peu, avant que le groupe ne s’élance. Comme il l’avait soupçonné, son cheval ne montrait aucune difficulté à suivre les étalons de sang pur et noble. Milo devait même régulièrement tirer un peu sur ses rênes pour le forcer à ralentir le pas. Le canasson était fougueux et brûlait à l’évidence de piquer un sprint entre les arbres. Il semblait même un peu outré de devoir toujours rester derrière la croupe du cheval de Lucius.
Le prince et Charlette Condé semblait se livrer un étrange duel d’archers. Et Lucius perdait à plate couture. S’il n’était pas en froid avec lui, Miloslaw aurait bien cherché à encourager son demi-frère… Il se contenta donc de le regarder échouer, souffrant pour lui en silence. Au bout d’un moment, le prince trouva une raison de s’adresser à son garçon de compagnie. Une nouvelle manière de lui signifier à quel point il lui en voulait pour… Il ne savait même plus vraiment pourquoi. Le fait qu’il puisse être jaloux de Théophile était trop difficile à admettre pour Milo.
« Bien, prince Lucius. »
Tandis qu’il scrutait les ténèbres dans l’espoir d’apercevoir l’empennage du trait, il entendit Taesch essayer de lui épargner cette recherche. Miloslaw pensa que c’était peine perdue et il avait raison. Devant l’insistance du prince, il abaissa le chef et s’enfonça entre les arbres. A quelques pas d’un buisson dans lequel il pensait pouvoir trouver la flèche, Milo mit pied à terre et commença à marcher doucement, ses yeux scrutant le sol. Il était si concentré qu’il n’entendit pas la bête avant qu’elle ne grogne à un mètre de lui. Son cheval piaffa et s’éloigna, le laissant seul et sans défense face à un énorme loup. Miloslaw leva les mains pour lui montrer qu’il ne lui voulait aucun mal, ce qui était inutile. La bête désirait apparemment se repaître de lui. Une chose qui ne pouvait arriver qu’à côté du manoir des Von Hochen, il en était sûr !
Soudain, le loup se détourna de Milo. Il s’intéressa au lapin mort que lui tendait Charlette Condé et ne mit pas de temps à disparaître. Le garçon de compagnie poussa un gros soupir de soulagement et sourit à la fille de Taesch.
« Merci beaucoup, dame Charlette ! Dans quel embarras aurais-je mis le prince Lucius avec des vêtements en lambeaux et couverts de sang ? »
Le battement rapide des sabots sur la terre lui fit lever la tête et il vit Lucius galoper loin du groupe. Son visage ne reflétait pas vraiment de bonnes choses. Sans vraiment y réfléchir, Miloslaw se rua sur son propre cheval et fonça à sa poursuite. Le reste du groupe sembla décider qu’il fallait le laisser ramener Lucius, car personne ne lui emboîta le pas. Si le prince avait de l’avance sur lui, les traces qu’il avait laissées dans la neige lui permirent de le pister facilement. Il tira sur ses rênes en apercevant la monture de Lucius et sauta à terre. Il retrouva le prince allongé au sol. Il était époustouflant de charisme dans cette neige. Le froid et l’hiver étaient vraiment ses éléments. Le sol craquant sous ses bottes, Milo le rejoignit. Il se tint au-dessus de lui, les bras croisés sur son torse. Le moment était idéal, aussi il se lança sans préambule.
« Autant vous le dire maintenant que nous sommes seuls. Je suis le fils de l’empereur Elijah. »
S’adossant à un arbre, il lui expliqua alors les circonstances dans lesquelles lui-même avait appris la nouvelle et son plan pour tenter de se rapprocher de sa famille en douceur. Qu’il n’avait pas voulu se déclarer trop rapidement par peur de créer le chaos au sein de la famille impériale. Et surtout, qu’il n’avait aucune prétention au trône.