La révolte gronde à Nox, le changement arrive et ça ne plait pas à tout le monde ! Choisissez votre camp et faites le vite, des têtes vont commencer à tomber.
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Sujet: Onze heures et quart Jeu 3 Mai - 15:11
Onze heures et quart D’un pas traînant, Lucius suivit son oncle Ulrick. Il était son chaperon pour cette nuit et quand il avait demandé à aller au Temple, Ulrick avait insisté pour qu’ils y aillent par les toits en évitant la foule du marché. En évitant les gens, tout simplement. Le prince avait tant hâte de partir ! Il n’en pouvait plus d’être surveillé ! Plus que deux jours et il chevaucherait avec Milo et le reste de sa compagnie vers les terres de ses ancêtres. En attendant, Ulrick menait le pas. Voilà trois jours que Milo avait été opéré par son père, trois jours depuis les machinations diaboliques de Slythe Velvet. Les gens de Hochen étaient connus pour leur robustesse et Milo n’avait pas fait défaut à la réputation de son peuple. Le lendemain, il était déjà parfaitement sur pieds, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots. Dès que Lucius avait appris pour le départ de Milo, il avait affirmé qu’il irait avec lui. Il était son garçon de compagnie, après tout. On lui avait préparé un étalon taillé pour un roi, capable de parader autant que de chevaucher dans les plaines de Dasten et les étendues montagneuses de Hochen. Milo aurait un cheval plus modeste mais bien plus agréable que celui de la chasse, moins fougueux. Tout le monde savait qu’il était le bâtard de l’Empereur, désormais. Plusieurs torchons journalistiques en avaient fait des articles et l’un d’eux avait même consacré sa une à l’événement ‘Le vieil Empereur grassouillet a trempé son biscuit’. Bien sûr, Elijah n’était un vieux, ni grassouillet et le local du journal avait été assailli par des citoyens honnêtes qui s’étaient insurgés. Plusieurs personnes s’étaient encore greffées à l’éxpédition. D’abord Charlette, qui rêvait d’explorer le monde - elle n’avait vu de l’Empire que son village ridicule de Fellinion et Ravenwell - et puis Isobel, que avait interdit son cousin de se rendre chez les éleveurs de cochon sans lui. Alianora Fell avait été ajoutée sans vraiment exprimer son consentement à la compagnie et Lucius avait hâte de la voir en tenue de cavalière. Elle montait probablement de côté. La dernière addition à leur petite troupe avait été un élève de Taesch. Félix de Vermandois était une teigne de douze ans à peine qui était dix fois plus cynique de son maître et vingt fois plus méfiant qu’Yvan von Dast. On racontait qu’il savait tuer un homme sans même le toucher et qu’il avait plus de sang sur les mains que n’importe lequel des assassins de la ville. Ses boucles dorées et son air d’ange le rendaient encore plus énervants quand ils étaient accompagnés de la suffisance d’un adulte et de l’arrogance de quelqu’un qui sait tout mieux que tout le monde. Sa présence serait une nuisance mais Lucius se demandait bien ce qu’elle cachait. Félix aurait été bien plus utile à Ravenwell que dans la cambrousse avec eux. Ulrick sauta sur un toit non loin et attendit son neveu qui le rejoignit d’un pas leste et assuré. Puis, ils sautèrent tout deux à bas du bâtiment. Ils étaient arrivés. Le Temple s’étendait devant eux de toute son imposante présence. Il avait été construit des millénaires auparavant mais n’avait rien perdu de sa splendeur. Ses colonnes, son fronton, ses marches en marbre, rien n’avait perdu en cachet et en beauté. Il devait rejoindre les autres membres de sa compagnie à l’intérieur mais il était tôt, il était sans doute le premier arrivé. Peut-être aurait-il le temps de prier seul avant que les autres n’arrivent ? Ulrick lui emboîta le pas et ils entrèrent dans le Temple. Il était de coutume avant un voyage important de venir prier avec ses compagnons pour que tout se déroule bien et Lucius respectait les coutumes à la lettre en ce temps de crise. Il se dirigea vers la salle principale et y découvrit Charlette Condé et cette nuisance de Félix, déjà présents. Baignée par la chaude lumière des grands feux de Kresnik, Charlie avait les yeux fermés et récitait une prière silencieuse. Si Lucius avait su lire sur les lèvres, il aurait pu savoir pour quoi elle demandait la grâce des Dieux. Au moins était-elle debout et il n’aurait pas la faire se relever pour la saluer. Félix, lui, ne priait pas et regardait les neuf statues de Dieux avec dégoût, comme s’il était la partie lésée d’un conflit. Alianora Fell fut la suivante à arriver, interrompant leurs discussions. On lui avait souvent vanté sa beauté mais il ne s’était pas attendu à son teint parfait, ses yeux gracieusement maquillés, ses cheveux extravagant et ses mains délicates. Elle trouverait très certainement un parti digne de ce nom quand elle serait mise sur le marché. Il était déjà étonnant que ce ne soit pas le cas. Est-ce que cela pouvait avoir à voir avec la maladie mystérieuse de son père ? Elle s’inclina en signe de déférente soumission et Lucius eut une vue imprenable sur son décolleté, assez impressionnant, il fallait le dire. “Majesté, c’est un honneur de vous rencontrer.” Lucius lui fit un baise-main digne de ce nom et Isobel arriva sur ces entrefaites. Elle jaugea Alianora comme si sa grâce risquait d’être contagieuse et se posta de l’autre côté de la pièce. Un dernier cliquetis métallique se fit entendre et, enfin, Milo arriva. En consultant l'horloge divine sur le mur du fond, le prince constata qu'il était onze heures pile. Lucius lui sauta presque au cou. Milo avait subi les cours de Taesch Condé ces derniers jours et ils étaient apparemment très prenants parce qu’ils ne s’étaient pas vus beaucoup depuis l’opération. Ou bien était-ce Milo qui désirait l’éviter après son petit coup de folie avec Slythe. Son gros coup de folie. Il s’en sentait encore honteux. “Enfin ! Taesch t’a encore retenu ?” Tous les regards étaient fixés sur lui et Alianora eut la pudeur de détourner les yeux pour se mettre à genoux devant l’autel, en femme pieuse qu’elle était. Elle était si belle et si aimable ... La princesse parfaite. Lucius eut la nausée en pensant qu’elle serait certainement le premier choix de promise qu’il aurait dû faire s’il n’avait pas cet amour stupide et irréfléchi pour ... son propre frère. “Bien, il nous faut suivre les coutumes, je suppose.” Il imita Alianora et les autres suivirent, tous sauf Félix. Ulrick restait dans le fond de la salle et parlait avec une toute petite femme gracile et discrète. Même son rire était parfaitement adorable. Lucius se sentait un peu mal à l’aise dans sa tenue - un simple gilet noir et un pantalon blanc et lin au motif fleuri - quand il voyait tout le luxe étalé autour de lui. Même Isobel avait fait l’effort de mettre une de ses nouvelles robes cousues d’or. En priant, il prit la main de Lucius alors qu’il priait, sans le regarder et posa ses yeux sur la grande statue d’Yggdrasil encadrant les autres divinités. Amaterasu le regardait avec un sourire en coin. Aurait-elle apprécié de voir son plus jeune représentant dans cette situation. Les dieux étaient parfois si cruels.
Dans le fond de la salle principale, un violoniste jouait un air discordant et Taesch grinça. Il détestait devoir supporter cette ambiance de bar bas de gamme pour parler à Lazarus mais il n’avait pas le choix. Lazarus arriva sans se faire remarquer et prit place en face de lui. Il avisa Taesch et sourit. Il avait le sourire d’un ingénu. C’était ridicule. “Le vin n’est jamais une solution, vous savez.” Taesch choisit de ne pas répondre. La petite pluie qui tapait sur le toit à un rythme régulier était une torture et il avait envie de s’en aller au plus vite. “Alors ?” Lazarus savait devenir immobile, au point de se rendre invisible mais là, devant lui, il était aussi hyperactif et mouvant qu’un enfant devant un gâteau. Il poussa devant lui un petit coffret en bois ouvragé et Taesch sourit. “Ce n’est pas facile de rentrer dans le bureau du Prince Consort. Je ne serais pas contre un petit bonus, la prochaine fois. Oh, la clef n’était pas avec.” Taesch se saisit de la boîte. Il savait parfaitement où trouver la clef. Elle avait pendu sous son nez durant trois longs jours. Mais si tout se passait comme il le voulait, elle ne quitterait jamais cette chaîne autour du cou de Miloslaw Kotka. “Ce n’est pas grave, personne n’aura besoin de la clef. - Qu’est-ce qu’il y a dedans ?” Taesch hésita un instant et releva ses yeux verts délavés sur le voleur. Peu importait qu’il sache, il ne pourrait jamais tout divulguer. Mais Taesch n’avait non plus aucun intérêt à partager ces informations avec lui. Il rangea la boîte dans sa besace et se leva. “Un moyen de pression.”
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Sujet: Re: Onze heures et quart Ven 4 Mai - 13:20
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Onze heure. Tout juste. Miloslaw poussa la porte du temple, se présenta au prêtre présent et ce dernier lui indiqua la direction de la salle principale. Curieusement, durant les dix années qu’il avait passées à Ravenwell, ça ne lui était jamais venu à l’idée de visiter le lieu de culte. Il était pourtant croyant, comme la majorité de la population, et savait honorer ses dieux. Peut-être qu’il ne connaissait pas tous les commandements sur le bout du doigt, il se sentait néanmoins parfaitement à sa place en ce lieu sacré. En posant le pied dans la grande salle de prières, Miloslaw fut d’abord frappé par la magnificence des lieux. Ravenwell n’était pas la capitale pour rien. Ici les statues des divinités avaient été sculptées avec précision et le plus grand des talents. Un autel tout équipé était disposé devant chacune d’elles, ce qui tombait parfaitement bien. Miloslaw baissait tout juste les yeux du plafond époustouflant quand Lucius lui sauta au cou, l’accueillant très chaleureusement. Le garçon de compagnie se permit de lui presser doucement l’épaule en arborant un grand sourire qu’il lui présentait régulièrement depuis les derniers événements. La raison n’avait pourtant pas grand chose à voir avec ces derniers. Il souriait pour effacer le stress qui le prenait au creux du ventre quand il pensait au voyage tout proche qui l’attendait. Pour effacer les angoisses provoquées par les cours de Taesch Condé. Il ne voulait surtout pas inquiéter le prince, qui lui semblait plus qu’heureux à la perspective de cette excursion.
« Oui, mais pas que ! » clama Miloslaw en lui montrant le torchon noué en balluchon qu’il avait apporté.
Son regard se posa sur toutes les autres personnes présentes. Conformément à la tradition, ils devaient tous se rassembler pour prier ensemble les dieux de leur accorder un voyage agréable et sûr. Miloslaw espérait bien que, cette fois, les dangers s’écarteraient de leur route. Ce n’était pourtant pas le trajet qui lui causait le plus d’appréhension. A l’arrivée, qu’allait-il découvrir ? La ferme familiale serait-elle toujours aussi belle que lorsqu’il en était parti ? Et cette histoire avec le comte, qu’en penser ? Il n’avait jamais été baron, n’avait jamais été préparé à ça. Sans doute que sa mère jugeait que son éducation nobiliaire pouvait attendre encore quelques années, malheureusement elle était morte et sa réaction de petit garçon avait été de fuir. Personne ne l’avait retenu. Dans la chambre de l’académie des majordomes, allongé sur son lit et les yeux posés sur le plafond d’un blanc éclatant, il s’était parfois demandé pourquoi. Il n’était pas commun de laisser un enfant partir à l’aventure de cette façon, seul. Jusqu’à recevoir cette lettre de Hochen, il n’avait jamais pu trouvé une réponse satisfaisante. Mais avant de recevoir ce courrier, il n’avait pas réalisé qu’il était le baron d’un domaine portant son nom de famille. Il n’avait pas réalisé qu’aussi protecteurs fussent les employés de la ferme, ils ne pouvaient pas s’opposer à sa décision. Parce que sa mère venait de mourir en lui cédant son titre, lui le seul héritier de ces terres. Il se souvenait vaguement de quelques recommandations, de leurs paroles pleines de réserves... Mais bien sûr, du haut de ses neuf ans, il n’avait pas compris. Car à cet instant, il ne ressentait aucun doute.
Miloslaw alla saluer Isobel von Dast en premier, car il la connaissait déjà et, en dépit de sa férocité bien connue, ne craignait rien de sa part. Il se présenta ensuite à Alianora Fell, dont il avait seulement entendu parler mais dont la description qui lui avait été faite avait été extrêmement fidèle. Ce fut ensuite le tour de celui qui se présenta comme Félix, il se souvenait que Taesch lui en avait touché un mot. Enfin, le prince Ulrick eut le droit à une profonde révérence. Pour terminer, l’estomac noué, Miloslaw se présenta devant Dame Charlette. Il s’inclina, mais ne lui proposa pas de baise-main. En fait, il voulait éviter autant que possible de la toucher et se trouvait aussi loin que possible quand on voulait parler à quelqu’un. Mais il ne lui avait pas encore présenté ses excuses pour ce baiser, par manque d’opportunité. Et comme ils allaient bientôt partir en voyage, il devait absolument s’en occuper maintenant. N’était-ce pas le but de cette réunion au temple ? Se débarrasser des angoisses du voyage qui les attendait.
« Dame Charlette, je vous présente toutes mes plus sincères excuses pour mon audace inconsciente, l’autre jour. Je vous promets que jamais, dans d’autres circonstances, je n’aurai osé profaner votre corps de cette manière. »
Il sentit le lourd regard de jugement de Dame Alianora, mais poursuivit néanmoins.
« Je ferai mon possible pour que vous me pardonniez, Dame Charlette, et suis votre humble serviteur, dans les limites que m’autorise mon statut de garçon de compagnie du prince héritier. »
Il s’inclina une nouvelle fois, n’attendant pas de pardon de la part de la jeune demoiselle. Il ne voulait en rien la presser. Il l’avait assez contrainte comme cela. Tous se regroupèrent ensuite devant Yggdrasil, la divine mère. Miloslaw dénoua son torchon et déposa une fine tranche de jambon dans chaque petit bol. Il réserva les plus gros à Yggdrasil et Kresnik. Levant les yeux vers le visage draconique au regard aussi flamboyant que colérique, il frissonna. Miloslaw murmura d’une voix inaudible, bougeant à peine ses lèvres, que c’était le meilleur jambon qu’il avait pu trouver sur le marché et qu’il se rachèterait une fois de retour au pays. Après quoi, il fourra le torchon dans la poche sa veste de majordome et resserra ses doigts autour de la main de Lucius. Miloslaw était content de l’attitude de son demi-frère à son égard. Il était devenu assez tactile avec lui, le garçon de compagnie supposait que ça voulait dire qu’il lui faisait confiance et qu’il éprouvait pour une grande affection. Luscka von Hochen se montrait aussi très amical avec lui, presque paternel, bien que gardant une certaine réserve. Miloslaw n’en était pas attristé, après tout il était déjà un adulte et le Prince consort avait certainement d’autres chats à fouetter. En particulier depuis que celui du manoir Von Hochen, qui avait été momentanément changé en dragon, se permettait tout et n’importe quoi.
Miloslaw regarda tour à tour les statues divines, formulant en pensées ses prières. Il leur demanda bien sûr et selon les formules d’usage, de leur assurer un bon voyage et une prompte arrivée à destination. Mais il demanda aussi à Yggdrasil de retrouver son domaine fort et beau. Il pria Kresnik de lui accorder un peu de son courage. Il pria Lucifer de lui accorder un peu de sa malignité pour réussir à résoudre cette histoire de cœur magique dont il détenait la clef, solidement rattachée à son par une chaîne en or. Il était à peine flatté que Lucius ait voulu qu’il le garde, parce qu’il ne voulait pas d’une telle responsabilité. C’était sale et dégradant, il se sentait plus mal encore que lorsqu’il avait assisté à la séance de torture des humains avec Taesch Condé.
Les dix minutes de prière écoulées, Miloslaw se libéra de l’emprise des doigts de Lucius et s’étira en repoussant les pensées qui lui minaient le moral. Il en avait au moins fini pour cette nuit. En plus, sa leçon avec Taesch avait été écourtée par son besoin d’aller acheter quelques offrandes. Peu après son réveil, il avait bienheureusement croisé Elijah, qui lui avait remis une petite bourse pleine d’or. Son salaire, lui avait-il expliqué. En avance, pour l’aider lors du voyage. Miloslaw avait voulu entamer une conversation, se fichant pas mal d’arriver en retard à ses cours d’espionnage, mais l’Empereur avait mis brutalement et rapidement fin à leur entrevue. Miloslaw le soupçonnait de ne pas vouloir de lui, son bâtard. En fait, Lucius avait complètement raison quand il lui avait parlé de son père : l’Empereur était quelqu’un de très absent pour sa propre famille. Il ne l’avait jamais vu dans une situation intime avec Lux. Sauf lors des câlins familiaux qui concluaient les crises. Une nouvelle fois, il mit tout ça de côté. Pour le reste de la nuit, il allait pouvoir se consacrer entièrement aux besoins et aux désirs de Lucius. Il aurait tellement aimé que le prince lui annonce qu’il voulait se dégourdir les jambes en pleine ville ou dans un pub. Ca, au moins, ça lui aurait changé les idées.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Ven 4 Mai - 16:48
Onze heures et quart Les doigts minces d’Alianora Fell refermés les uns sur les autres de la manière la plus délicate possible se crispèrent un peu quand Milo commença à parler à Charlette. Cette dernière écarquilla les yeux, visiblement très mal à l’aise. Ses iris étaient bleus mais pas de la même teinte que lui. Il ne l’avait même pas remarqué. Ils auraient parfaitement pu être frère et soeur si la peau de la jeune fille n’avait pas été aussi foncée et si ses épaules n’avaient pas été aussi frêles. Ce qui aurait rendu cette situation encore plus gênante. Lucius jeta un coup d’œil à son oncle pour vérifier qu’il n’entendait pas leurs propos embarassant mais il était absorbé par sa discussion avec la femme, dans le fond. Elle était toute ouïe et semblait absorbée par la beauté et l’éloquence d’Ulrick. il fallait dire qu’il était le plus social de tous les princes mais aussi le seul encore libre, si l’on excluait Lucius et Taesch. Yvan avait affirmé être fiancé, bien longtemps avant la naissance de Lucius, mais personne n’avait jamais réussi à découvrir l’identité de la fiancée en question. Le prince était d’avis que c’était un gros bobard mais il n’avait jamais confronté son oncle, au cas où ce ne le serait pas. Alianora, les yeux toujours rivés sur Milo de façon très peu discrète, jugea tout de même qu’il aurait été agréable de faire la conversation. Elle lui parla d’Ulrick, justement et de cette fille qu’il courtisait. Elle pensait qu’ils allaient bien ensemble. N’était-ce que quelques paroles en l’air ou bien cette fille était-elle vraiment convaincue de ce qu’elle disait ? Lucius ne savait jamais avec les nobles ... “Mon oncle et la fille du commun ? Je suppose. Pour une nuit au moins. Mon oncle n’ira jamais plus loin.” Alianora fut surprise et ses sourcils remontèrent sous sa frange parfaitement coiffée. Oh, jolie bécasse, elle s’imaginait certainement qu’Ulrick était un prince charmant qui attendait la bonne fille à sortir de la fange. La réalité était toute autre. Ulrick était bien le même type que ses deux frères : incapable de se poser et de se concentrer sur autre chose que ce qui les intéressait vraiment. Si Luscka n’avait pas poussé Elijah à sortir avec lui, Lucius ne serait jamais né. De plus, comme ses frères, Ulrick était effrayé par sa mère, qui veillait toujours à l’intégrité de sa famille, terrifiante harpie œuvrant dans l’ombre. Les disputes entre elle et Luscka n’étaient pas rares... La dernière fois, il l’avait même traité de mère indigne. De petits flocons de neige se déposèrent sur la coupole en verre au dessus de leur tête. Surmontant les marbreries et les autels, elle laissait passer la lumière de la lune et éclairait doucement le visage de Thrud, la déesse des Condé. Kresnik, à côté d’elle, arborait un air bougon. On disait que les dieux avaient été amants ou frère et soeur autrefois et que leur dispute avait été ce qui avait séparé les Condé et les Von Hochen mais la vie était bien plus compliqué que cela, Lucius en était sûr. Le regard de Lucius se porta sur Charlie qui tentait de rassurer Miloslaw et Alianora en quelques phrases. La neige tomba un peu plus vite et il tenta de se calmer. C’était ridicule. Il était jaloux mais il n’avait aucune raison de l’être. Milo ne lui appartenait pas et son frère avait bien le droit de parler à qui il voulait. La magie s’évanouit à la seconde où Lucius croisa le regard de Charlie, si embarrassé. Milo n’avait aucune chance avec elle. La neige se remit à tomber doucement, voletant dans le vent. Sans détacher son regard de Milo, il serra sa main un peu plus fort. Il était heureux de prier avec lui mais si tous les autres pouvaient s’en aller, il en serait bien plus heureux. Milo était son frère et il aurait voulu un peu de temps en privé avec lui. Il avait envie qu’il lui offre encore son sourire sincère. Ce sourire renfermait toute la beauté de l’innocence d’un prince élevé loin de la Cour et Lucius se sentait tellement mieux quand Milo souriait. Alianora sembla rassuré par les explications à voix basse de Charlie et Isobel éclata de rire en se moquant ouvertement de Milo. Les jeunes femmes de noble ascendance n’étaient pas censées rire si fort mais Isobel avait toujours jeté les convenances par la fenêtre. Elle le taquina un peu et Lucius eu la vague impression que la tension dans la pièce s’était envolée. Le comportement de Milo les avait détendu, de façon agréable. Félix était le seul à rester en retrait. La chaleur qui se diffusait des feux fit venir le plus jeune des adolescents du groupe et il occupa la place qu’Alianora avait laissée vide à ses côtés. Quand on le regardait dans la lueur des flammes et de la lune, on ne devinait pas que cet enfant avait du sang sur les mains. Milo offrit du jambon - du jambon ... - aux dieux et le sérieux revint un instant dans le groupe de prière. Charlie retroussa ses jupes avant de se lever et vint verser quelques gouttes de son sang dans le bol réservé à Thrud avant de reculer. Personne ne lui dit rien mais l’obsession que les Condé avaient pour le sang était vraiment gênante, parfois. Elle regarda les offrandes de Milo avec envie mais ne fit rien. Lucius laissa l’odeur lui chatouiller le nez mais ne tendit pas non plus la main vers le jambon qui aurait été parfaitement assorti avec des oignons et quelques pommes de terre assaisonnées. Il avait hâte de partir mais il leur restait deux jours. A moins que ... Il jeta un oeil à l’heure. Il était désormais onze heures et quart et ils devraient bientôt partir avec Ulrick. Sauf s’ils lui faussaient compagnie. “Nous sommes tous là, nous devrions partir.” Alianora arbora sa plus belle expression de choc distingué, comme Lucie quand son neveu sortait du conduit secret qui donnait dans sa chambre, couvert de suie. Charlie et Isobel coulèrent un regard vers Ulrick. La lune était désormais cachée par la neige et Ulrick, tenu à distance par sa discussion, ressemblait désormais plus à une silhouette venue d’un livre pour enfant qu’à un homme. Lucius réfléchit à toute vitesse. Ils n’avaient pas besoin de chevaux aussi performants que ceux qu’on leur avait préparé, ils pourraient bien en changer aux relais. Les écuries du Temple n’étaient qu’à deux pas et les chevaux réservés au sacrifices du printemps pourraient leur servir. Pouvaient-ils le faire ? Très certainement. Il exposa brièvement son plan à sa compagnie et Charlie accepta assez rapidement, tout comme Isobel et Félix. Apparemment, ils s’en fichaient bien d’avancer la date de leur départ. La jeune Condé sortit un carnet de sa besace et entreprit déjà de laisser un mot expliquant leur absence. Milo se tourna vers son frère et lui prit les mains. “On y va ? On rentre chez toi ?” Les yeux de Milo étaient beaux, magnifiques. Et Lucius avait envie de découvrir sa patrie le plus vite possible.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Sam 5 Mai - 14:02
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Isobel riait à gorge déployée et Miloslaw ne voyait vraiment ce qu’il y avait de drôle. Dame Charlette était très embarrassée par la situation, lui-même avait sans doute un certain trouble peint sur le visage. Y avait-il vraiment matière à rire ? A en juger par l’expression de Dame Alianora, pas tant que ça. Et pourtant, la féroce princesse ne se départait pas de sa grande hilarité. Finalement, elle frappa Miloslaw à l’épaule - et il eut mal - avant d’ajouter :
« Franchement Milo, ne vas pas faire toute une histoire pour un simple baiser. Je suis sûre que Charlie l’avait déjà oublié de toute façon. Soyons francs, tu es peut-être mignon dans ton genre, mais tu es loin d’être quelqu’un de mémorable. »
Miloslaw pinça les lèvres pour ne pas répliquer à cette insulte, qui clôturait le malaise et l’affaire du baiser volé. Qu’aurait-il dit de toute façon ? Rien qui ne les embarrasse pas un peu plus, Dame Charlette et lui. Fuyant la situation, Miloslaw rejoignit Lucius avec beaucoup de soulagement. Lucius, lui, ne se moquait pas de lui. La séance d’offrandes et de prière prit fin après que les muscles de Miloslaw aient commencé à se raidir. Il n’aurait certainement pas été contre un peu d’exercice offert par le prince héritier, qui ne tenait jamais en place bien longtemps. Cela ne faisait jamais qu’une semaine qu’il avait été choisi pour être le garçon de compagnie du prince, il était pourtant déjà habitué. Mais quand Lucius annonça la suite du programme, même Milo tomba des nues. La bouche entrouverte dans une exclamation qui ne sortirait jamais, le jeune vampire fixa son maître jusqu’à ce que ce dernier croise son regard. Il souriait de tout son être, ses mains pressaient les siennes avec ardeur. A cet instant, Miloslaw se demanda comment il avait vraiment pu se mettre à le craindre au point d’éviter tout ce qui aurait pu le mettre en colère, au point d’être un peu soulagé de devoir suivre l’instruction de Taesch. Au point de ne jamais le toucher, ou même le frôler, de manière délibérée. Ca paraissait vraiment ridicule maintenant, Lucius était vigoureux de sa jeunesse, avide de nouvelles aventures et il lui demandait son avis ! Miloslaw ignorait s’il avait vraiment le choix de refuser et n’en aurait jamais la certitude. Renvoyant son sourire à Lucius, il hocha la tête. Il lui était impossible de lui refuser quoi que ce soit. Pas avec une tête pareille.
Il avait à peine donné son accord - comme si un simple serviteur pouvait faire le poids face à quatre têtes de la haute noblesse - qu’Isobel et Charlie mettaient en action leur plan qui consistait à semer le prince Ulrick. Ce fut si simple que ça en fut presque décevant. La princesse Isobel alla brièvement expliquer à son oncle que selon pour porter chance, à l’orphelinat de Dame Charlette, les filles avaient pris l’habitude de brûler de petites boules de coton, une pour chaque enfant, devant l’autel d’Amaterasu. Quel drame ! Dame Charlette avait été incapable d’en trouver et maintenant elle se faisait du souci pour ses anciennes amies. Elle laissa aussi sous-entendre qu’il était éventuellement possible d’en trouver dans les affaires du temple. Une dizaine de boules, ce serait si simple ! La femme à qui parlait Ulrick se laissa entraîner et proposa qu’ils demandent aux prêtres de les aider. Bien évidemment, conforme à sa réputation, le prince Ulrick sauta sur l’occasion de se rapprocher de la jeune femme. Le tour était joué. Les deux futurs amants partirent se perdre dans les arrières-salles du temple, leur laissant le champ libre pour déguerpir.
Lucius avait pensé à tout car, au lieu de s’embarrasser dans la recherche de chevaux, il décida d’acheter les bêtes réservées pour des sacrifices, disposées dans les écuries sacrées en attendant la nuit adéquate. Miloslaw réprouvait assez cette conduite, mais il suivit le mouvement général. Dame Alianora, elle, resta sur place, à fixer le cheval au pelage gris que la princesse Isobel avait sellé à son intention. Elle finit par protester, avancer que tout cela était ridicule, stupide, qu’ils allaient se mettre en danger inutilement et qu’en plus, elle n’était pas habillée pour l’occasion. La princesse Isobel lui rétorqua d’un ton sec qu’ils n’avaient pas besoin d’elle et le devoir de la future duchesse se montra le plus fort. Apparemment, le fait qu’elle ait été prévue dans l’expédition l’emportait sur la date initialement décidée. C’est ainsi qu’ils quittèrent le quartier du temple, sans même se cacher. A quoi bon ? Miloslaw était toujours aussi angoissé à l’idée de découvrir une ferme dévastée, il l’était d’autant plus qu’il se retrouvait à conduire un groupe composé de personnes plus jeunes et plus importantes que lui, que leur expédition allait durer plusieurs jours et qu’ils n’avait rien à manger. C’était terriblement effrayant. Et grisant. Dix ans, presque onze, qu’il n’était pas parti à l’aventure, le besoin d’exploration se réveilla à la perspective de ce voyage, il devint urgent. Il se sentait un peu plus comme le petit garçon de la ferme aux cochons qu’il avait été.
Le sourire aux lèvres, Miloslaw devança le cheval de Lucius, prenant la tête du groupe. Il avait maintenant hâte de rentrer chez lui. Et plus il s’éloignait du manoir des Von Hochen, où il avait finalement décidé de laisser le coffret renfermant le cœur de Slythe Velvet, plus la clef autour de son cou devenait légère. Levant le nez vers le ciel, il clama :
« La neige s’est calmée ! Ca doit être bon signe ! »
La dernière fois qu’il avait consulté le ciel, l’équivalent d’une petite tempête secouait le ciel de Ravenwell. A présent, les flocons tombaient paresseusement sur leurs épaules et fondaient dans la crinière de leurs montures. Une pensée l’agita soudain et il se mit à côté de Lucius, pour lui murmurer :
« Tes parents vont me trucider à notre retour. »
Bizarrement, ça ne l’inquiétait pas plus que cela. Après tout, il y avait plein d’endroits où se cacher dans le duché de Hochen et Miloslaw en connaissait déjà un certain nombre, rien qu’autour de la ferme. Il pourrait toujours s’y terrer si la menace pesait trop lourdement au-dessus de sa tête.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Sam 5 Mai - 21:18
Onze heures et quart Ils avaient œuvré avec rapidité, surtout les filles. Il lui avait pourtant semblé que Charlette et Isobel se détestaient. Auraient-elles fait la paix en secret ? Oh, connaissant Isobel, c’était parfaitement possible qu’elle soit allée la provoquer en duel ... Il avait pensé, à un moment, à ce qu’allait dire son père. Luscka était si sévère mais il trouvait aussi que son fils ne volait pas assez de ses propres ailes. Il serait probablement ravi qu’il se décide enfin à vivre une grande aventure. Enfin, leur aventure devait juste être composée de trois visites dans trois villes différentes mais on ne savait jamais ce qui pourrait se dresser sur leur chemin. Des dragons sauvages, des mercenaires ... ou l’amour ? Hm, possible. L’étalon noir refusa tout d’abord d’être chevauché et Lucius dut user de sa magie afin de pouvoir le monter. La bête, hors d’haleine, accepta gentiment de se calmer. Lucius caressa son nez, ses oreilles et finalement, flatta son col. Il n’était pas très bon avec les animaux, à part les chats qui étaient toujours bons avec lui, mais il était presque sûr qu’il n’était pas mauvais avec eux. Aucun cheval ne l’avait jeté à terre après tout. Quand Alianora arriva devant son cheval, elle fut d’abord saisie d’un réflexe conditionné par son éducation noble. Elle argua, après avoir déjà opposé de bons arguments à leur départ, que ce n’était pas un cheval pour une dame. Et pour cause, la dernière bête qui restait était très clairement destinée à un homme bien plus massif. C’était une superbe bête grise et blanche qui devait descendre des chevaux de Hochen. De loin, il l’avait prise pour une vache étrange et pour cause, elle était autrement imposante que les autres chevaux. Lucius aurait volontiers pris la bête mais il avait déjà du mal à maîtriser la sienne et il ne pensait pas une seconde qu’il réussirait à la soumettre pendant tout le trajet. Il avait pensé qu’Isobel se l’approprierait mais elle avait opté pour un alezan au corps fin, sans doute plus maniable sur le long terme. Isobel s’y connaissait en chevaux. “Ah non, ce n’est pas un poney de parade. Tu ne t’en sens pas capable ?” Alianora hésita. C’était la deuxième fois en un temps très court et Lucius était persuadé qu’elle resterait. Il fut tout à fait surpris de la voir flatter la bête avant de la monter, de côté. Bien sûr, à cru c’était bien plus difficile qu’avec une selle adaptée. Elle avait l’air d’une dame de la Cour perdue là. Elle était plus jeune que lui, de quelques mois lui semblait-il mais c’était comme si elle avait toujours été une Dame. Elle agissait comme si tout cela coulait dans son sang. Il était de coutume de nommer son cheval pour un long voyage mais ils verraient bien cela plus tard. Ils n’avaient pas de temps à perdre en palabre - Alianora leur en avait déjà fait perdre assez- et ils partirent sur le champ. Il devait être onze heures passé de la demi désormais et il ne neigeait plus que peu. La neige crissait tout de même sous les sabots des chevaux et Lucius se surpris à apprécier ce son. Une fois un peu plus loin, Lucius lança le sujet des noms et tout le monde y alla de son petit nom. Alianora appela le sien Duc, Isobel choisit Foudre et Charlie sembla réfléchir un moment avant de se décider. “Noiraud. Il s’appelle Noiraud.” Isobel la regarda avant de rire de bon cœur, encore une fois. Elle était bien joyeuse et Lucius se demanda ce que ça cachait. “Tu as le même talent que ton père pour trouver des noms.” Milo dépassa son cheval, ce que l’étalon noir ne sembla pas apprécier. Lucius ne lui avait pas encore trouvé de nom. Il rattrapa Milo et ils furent bientôt à la tête de leur petite troupe, le silencieux Félix en fermant la marche. Ils passèrent sous un rideau de branches enneigées et Lucius hésita à faire une farce à son frère mais il finit par se reprendre. S’il dévoilait déjà ses tours de passe passe, ils n’auraient pu rien pour casser la routine du voyage. Ses velléités de découvertes avaient toujours été cassée par la prudence de son père et les plans établis de Taesch Condé. Il avait désormais l’occasion de briser son quotidien pour enfin partir à l’aventure avec des compagnons, presque des amis. Il savait que ses parents ne seraient pas heureux mais Elijah disait tout le temps qu’il fallait que jeunesse se passe alors il ne serait sans doute pas trop fâché. Milo affirma que la neige s’était calmé. Lucius hocha la tête et calma doucement son cheval. Il était bien plus maniable et semblait parfaitement comprendre qu’il n’allait pas être sacrifié. Le contact de sa peau rêche et de ses poils ras avait une certaine saveur, cette de l’aventure. Ils en avaient pour plusieurs heures avant d’arriver à une ville où ils pourraient manger, se reposer et acheter de quoi voyager jusqu’à la ferme des Kotka. Milo lui glissa une phrase et Lucius rit. Il secoua la tête et répondit sur le même ton de confidence : “Ne t’en fais pas, c’est moi qu’ils vont trucider. Je suis en train de m’enfuir en enlevant un prince, deux princesses et une duchesse en devenir. Je vais me faire dégommer. C’est pour ça qu’on a intérêt à ramener du bon vin et de bons livres.” On leur demanda ensuite de donner des noms à leurs chevaux et Lucius réfléchit longtemps avant de déclarer en haussant les épaules : “Flocon. C’est tout ce que j’ai trouvé, jugez moi.” Ils arrivèrent à la limite de Ravenwell et Lucius passa par la porte grande ouverte, de la façon la plus naturelle au monde. Ensuite de quoi, il s’enfuit au galop. C’était la première fois qu’il quittait la cité seul, il sentait la liberté couler dans ses veines, le vent frappant son visage par vagues successives, les flocons brouillant sa vue. Ils arrivèrent rapidement dans une plaine où passaient quelques moutons surveillés pour un chien. Un bel endroit, un lieu paisible. Il y attendit ses amis jusqu’à ce qu’ils le rejoignent . Charlie qualifia son comportement d’immature mais il s’en fichait bien. Ils suivirent la route principale - pavée et bien entretenue - jusqu’à tomber sur un chariot abîmé, son propriétaire essayant désespérément de le rafistoler. Eh bien, une première bonne action.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Dim 6 Mai - 14:34
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Alors que les portes sud de Ravenwell se rapprochaient, Miloslaw considérait les derniers mots de Lucius. Un prince, deux princesses et une future duchesse ? Il se retourna, en appui sur la croupe de son cheval, qu’il sentit frémir de protestation à ce contact. Tout surpris, il remarqua alors la présence de l’autre élève de Taesch Condé (mais pouvait-il vraiment se définir lui-même comme tel ?), Félix, en queue de convoi. Il avait complètement oublié son existence et même, il ne l’avait pas remarqué aux écuries du temple. Incroyable, ce type était tellement doué ! Miloslaw croisa alors le regard du jeune vampire, qui était bien sombre, effrayant. En guise de parade, il lui offrit un large sourire et un petit signe de la main, avant de se retourner. Brr ! Ce garçon faisait froid dans le dos ! Il supposait néanmoins que sa présence constituait un atout pour le petit groupe, car il savait se battre et n’hésiterait certainement pas à tuer si le besoin s’en faisait sentir.
« Pour les livres, je ne sais pas. Mais on pourra sûrement dénicher quelques bouteilles de vin de Kotka à la ferme. La saison de distribution vient de commencer. »
Il se demandait quel goût il avait cette année. Pendant qu’il vivait encore à la ferme, il n’avait pu y tremper sa langue que deux fois. A l’école des majordomes, ils avaient eu le droit d’en laper un quart de verre chacun, pour avoir une idée de ce dont il s’agissait. Cette fois, s’il y en avait toujours, il n’hésiterait pas à s’enfiler toute une bouteille. Ou... Il compta mentalement, manquant encore une fois d’oublier Félix. Un sixième de bouteille serait déjà bien, estima-t-il avec un peu de regret dans le cœur.
La monture de Lucius se nommerait donc Flocon. Voilà qui était presque trop prévisible, tout en restant plus original que le choix de Dame Charlette. Se montrant encore plus déplorable en matière d’imagination, Miloslaw balança que le canasson au pelage brun-roux était baptisé Kogne. Cela plut beaucoup à Isobel, car elle s’imaginait sans doute que c’était un nom de guerrier. Ce que Miloslaw se garda bien de révéler, c’était qu’il s’agissait du mot « cheval », en ancien langage de Hochen. Un vieux dialecte dont Miloslaw connaissait pas mal de mots, car sa mère avait passé de longues heures à le lui apprendre. Il devait reconnaître que c’était un agréable langage et qu’il était tout aussi plaisant de déceler les origines de certains noms de sa terre de naissance. Wieś, par exemple, qui était le nom du village dépendant de la baronnie de la famille - sa baronnie - signifiait juste « village ». L’imagination n’était pas une caractéristique très développée chez le peuple de Hochen. Les arts dominants étaient la guerre et la cuisine. Finalement, pour les nobles de Ravenwell, Miloslaw devait sûrement passer pour un homme simple et sans raffinement. Bah ! Ca n’avait jamais semblé dérangé Lucius. Milo scruta un instant le visage de ce dernier, mais le prince ne sembla pas détecter la petite fourberie de son demi-frère au sujet de Kogne. Tant mieux.
Au moment de passer les portes, Miloslaw se tendit un peu, n’osant pas poser les yeux de façon trop appuyée sur l’un des gardes. On les observa un peu en coin mais, soit ils avaient reconnu le prince et jugeaient qu’il avait le droit de se rendre où il le souhaitait, soit ils avaient jugé que le groupe ne représentait aucun danger. En tout cas, tous passèrent sans être inquiétés, même ce filou invisible de Félix. Dès qu’ils furent hors d’atteinte, Lucius secoua les rênes de Flocon et s’enfuit au galop en direction des plaines désolées de ce paysage hivernal. Miloslaw lança Kogne à sa poursuite, mais le cheval n’obéit qu’avec paresse et se fit rapidement distancer par la princesse Isobel et Foudre, puis immédiatement après par Dame Charlette et Noiraud. Ils se stoppèrent dans une grande plaine occupée par un troupeau de moutons, ces derniers pouvaient encore trouver quelques brins d’herbe à se mettre sous la dent, sous bonne garde d’une magnifique bête canine. Ils patientèrent jusqu’à être rejoins par Duc et le cheval de Félix, encore anonyme. Personne n’avait osé demandé au jeune homme comment il voulait appeler sa monture. Miloslaw étant sans doute le plus lâche de tous, il ne chercha pas à se distinguer.
Après quoi, ils empruntèrent la grande route, propre et pavée. Ils trottaient en direction de Cardinal, vers le Sud. Miloslaw se félicita d’avoir étudié secrètement le trajet la veille, sur une vieille carte de la bibliothèque du palais. Pour l’instant, il choisit de ne rien dire, car il était inutile d’embrouiller ses compagnons de voyage. Plus loin, cependant, la route bifurquerait en direction de l’Est afin de contourner les montagnes, mais eux devraient emprunter un chemin de terre, poursuivant vers le Sud-Ouest. Ensuite, avant d’apercevoir la mer - lors de son premier voyage, Miloslaw avait commis cette erreur qui l’avait rallongé d’un jour entier - ils devraient tenir la direction Sud. Droit sur les montagnes et une passe aux pieds de celles-ci. C’était sûr, personne ne les retrouverait assez vite pour les empêcher d’atteindre seuls la ferme. En revanche, ils pouvaient être agressés par des bandits.
Pour le moment, néanmoins, leur préoccupation allait devoir se diriger entièrement sur un chariot immobilisé au bord de la route. Une roue était cassée et en se rapprochant, ils purent distinguer la masse inerte d’un cheval de trait, allongé devant le véhicule accidenté. Félix surgit en tête, leur répliquant d’une voix froide qu’il pouvait s’agir d’un piège et qu’ils devaient être prudents. Après examen, pourtant, l’élève de Taesch décida qu’il n’y avait aucun danger immédiat et qu’ils pouvaient s’approcher sans trop de méfiance. Miloslaw était curieux de savoir comment il était arrivé à une telle conclusion aussi vite. Voyait-il entre les branches des arbres ? Alianora resta en arrière tandis que tous les autres allèrent demander ce qui se passait au pauvre homme immobilisé. Plus précisément, ils voulurent savoir ce qui s’était passé, car le problème actuel était plutôt évident. Félix, parti en tête de la charrette, clama sans émotion :
« Cette bête n’est pas morte, mais elle souffre. Il faut abréger ses souffrances. »
Et comme personne ne bougeait, il mit fin à ses jours, froidement. Miloslaw en frissonna comme s’il souffrait des basses températures de cette fin d’hiver. Mentalement, il se jura de ne plus jamais oublier sa présence. Par mesure de précaution. Lucius pouvait facilement réparer la roue de la charrette, mais pour le cheval, c’était trop tard. En tout cas, comme Miloslaw n’avait aucune envie d’assister à une séance de nécromancie, il proposa immédiatement à l’homme de troquer Kogne contre quelques denrées, à moitié visibles sous la bâche en toile qui recouvrait son chariot.
Le marché fut vite conclut et leur groupe se retrouva en possession de vivres, dont du sang à peu près frais, du pain plat pour se caler en cas de disette, de la viande séchée et de l’eau. Miloslaw choisit aussi quelques sacoches de selle pour les transporter et se félicita de son troc : dans la montagne, ils pourraient en avoir besoin. Un chapeau à larges bords et des gants de cuir très fin, élégants, furent également offert à Dame Alianora. Avant qu’ils ne repartent, Miloslaw cueillit quelques feuilles de menthe qui poussaient pas très loin de la route et les glissa dans la poche de sa veste. Les mâcher aidait à se passer de sang, pour un petit temps. Restait à s’occuper de la carcasse du cheval mort. Ils ne pouvaient pas vraiment perdre leur temps à l’enterrer, surtout tant qu’ils remontaient la grande route, mais pouvaient-ils réellement l’abandonner ici ?
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Sujet: Re: Onze heures et quart Jeu 10 Mai - 16:52
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Le voyage sur le cheval de Félix n’était pas aussi confortable que sur Kogne. Miloslaw n’avait partagé la vie de l’animal que durant une heure, tout au plus, pourtant il le regrettait déjà. L’anonyme monture était beaucoup plus nerveuse, elle renâclait sans cesse depuis que le garçon de compagnie s’était juché sur son dos et il devait toujours faire pression pour la ramener sur la route.
« Gwupi ! s’exclama-t-il, énervé, quand la bête dirigea son museau vers un buisson de baies empoisonnées qui poussait le long des pavés soignés. - Quel adorable petit nom, » avança alors Dame Alianora, qui faisait un effort monstrueux pour maintenir son chapeau sur sa tête sans tomber de sa selle.
Miloslaw lui sourit poliment, refusant de se donner la peine de lui préciser qu’il venait de le traiter de parfait idiot. Il avait fort à faire par ailleurs et n’avait guère le temps de discuter aimablement avec la Duchesse. Luce faisait bien évidemment partie du problème. Le chaton avait surgi presque naturellement d’une petite haie fatiguée par l’hiver, les rejoignant comme s’ils n’avaient attendu que lui. Lucius avait d’ailleurs semblé très content de le retrouver et Miloslaw en avait alors ressenti une grande jalousie. Son garçon de compagnie, son frère, ne lui suffisait donc pas ? Bien sûr, il avait compris que le prince régénérait sa magie à l’aide de la nature démoniaque du petit félin, mais ce qu’il venait de faire avec ce cheval mort... Est-ce que ça ne pouvait pas suffire ? Pourquoi est-ce qu’ils n’avaient pas déjà renvoyé le matou d’où il venait d’ailleurs ? Franchement, personne n’avait besoin d’un petit démon à coussinets roses dans sa vie ! Il y avait donc Luce qui le portait sur les nerfs, mais aussi Lucius lui-même. Milo ne savait pas s’il devait s’inquiéter pour lui ou de lui. Il avait passé l’éponge sur cette histoire de cœur magique arraché, mais il avait fallu qu’il absorbe par magie un cadavre d’équidé juste devant leurs yeux à tous. Et personne n’avait vraiment paru choqué. Est-ce que les dons du prince étaient courants à la cour ? Ou au moins au sein de leur groupe ? Il semblait à Miloslaw que tous les autres jeunes nobles présents le connaissaient déjà depuis un certain temps, mais ce n’était vraiment qu’une supposition de sa part. Donc, devait-il craindre que Lucius ne se mette soudain à pratique la nécromancie et à arracher des organes magiques à tours de bras ou bien devait-il surveiller les mains trop habiles de Félix, littéralement collé au prince héritier ? Quelles étaient les intentions de Taesch ? Est-ce que Lucius ne lui poserait pas, par hasard, un peu trop de soucis ? Le jugeait-il vraiment digne de monter sur le trône de l’Empire de Nox ? Raah ! Voilà qu’il commençait à voir des complots partout !
Milo fit avancer son cheval pour se mettre à côté de Dame Charlette, qui chevauchait tranquillement et joyeusement, un sourire innocent fendant son visage à la peau brune. Elle était magnifique dans ce décor, un rayon de soleil aurait parfait le tableau. Décidément, cette jeune dame était étonnante en tous points. Elle s’était même intéressée de près à cette histoire de charrette, ce qui était assez rare au sein des gens de sa condition, sans même parler de son sexe. Le jeune vampire ne ressentait plus la moindre once d’affection romantique pour elle, cette mésaventure aux accents de conte de fées ayant tué dans l’œuf l’embryon de romance qui aurait pu naître entre eux, avec le temps. Toutefois, il se sentait attiré par elle plus que par les autres membres de la cour, hormis Lucius bien sûr. Il avait vraiment envie de se lier d’amitié avec elle. Néanmoins, quand il l’avait rejoint, toute droite sur Noiraud, il avait surtout pensé qu’elle pourrait lui être utile. Il voulait lui demander si elle connaissait Lucius depuis longtemps et, plus délicat, si son père pouvait vouloir faire assassiner le prince héritier. Il se doutait qu’elle ne le lui avouerait jamais s’il lui posait la question aussi directement, mais il comptait essayer de récupérer des signes ou des indices.
« Dame Charlette, » la salua-t-il avec un sourire qu’il espérait naturel.
Avant que la conversation puisse se poursuivre d’une quelconque manière, Lucius lança alors un jeu. Deux vérités et un mensonge ? Miloslaw connaissait très bien ce jeu, il avait été à l’académie des majordomes après tout. Mieux, il avait occupé le pensionnat interne pendant dix ans. Il était rodé et savait déjà ce qu’il pourrait proposer comme énigme à tous les autres. Pour commencer, Lucius se lança. Milo sourit, le mensonge était évident. Trop évident ? Oui.
« Facile ! Tu n’as jamais failli épouser ton oncle ! »
Pourtant, cette dernière proposition était bien une vérité. Et tous les autres le savaient. Apparemment, l’histoire avait fait un sacré scandale. Désigné comme grand perdant, Miloslaw dut prendre la suite.
« Très bien... »
Pepin n’était plus très loin, réfléchissait-il en faisant semblant de concocter une énigme pour ses compagnons. A la prochaine intersection, ils devraient bifurquer. Il espérait que Dame Alianora n’allait pas se dresser contre cette décision. Ils allaient en effet rejoindre une route de terre et de petits cailloux, dans le meilleur des cas. Il était fort possible qu’ils doivent chevaucher sur des ornières, des trous pleins de boues et ils pourraient aussi rencontrer d’autres obstacles bien moins évidents à traverser.
« J’ai déjà vendu mon corps, je suis tatoué sur la main droite et je n’ai jamais pris le bateau. »
Si Lucius voulait jouer sur des petits détails, il était bien capable de le suivre. Bien sûr, il portait ses gants gris, comme toujours, il était alors difficile pour les autres de vérifier ses mains. Et s’il n’y avait autant de princesses et de duchesses parmi eux, il aurait volontiers pimenté la partie. Mais les jeux d’argent n’étaient guère convenables en présence de dames de haut lignage.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Ven 11 Mai - 15:12
Onze heures et quart Quand il était petit, il s’imaginait qu’il n’aurait aucun mal à trouver un quelconque amour, passionné comme celui de ses grands parents ou sage et réfléchi, comme ses parents. Il s’était imaginé que les prétendants se bousculeraient pour l’avoir et qu’il n’aurait qu’à se baisser pour les ramasser, comme autant de brins d’herbe. Plus tard, il avait compris que ce n’était pas aussi facile. Les gens pouvaient être ensemble sans amour - quelle horreur - et parfois les gens cessaient de s’aimer, au bout d’un moment, sans réelle raison. En réalité, au bout d’un moment, il compris qu’il faudrait quelqu’un qui pourrait aimer sa façon de penser et ses défauts. Il lui faudrait trouver quelqu’un qui accepterai un prince un peu fou qui nageait nu dans des lacs gelés, un jeune homme qui aimait jouer et gagner gros, malgré les risques qui pouvaient survenir dans sa vie. Quelqu’un d’assez sentimental pour ne pas le laisser tomber quand il aurait un coup de mou. Mais la réelle révélation de sa vie avait été quand il avait vu Eikin, la jeune femme la plus charmante du monde. Elle était l’épouse du Duc de Castel en seconde noces et était deux fois plus jeune que lui. Il en était fou amoureux et aurait vendu toutes ses terres pour vivre dans une ferme modeste si elle lui avait demandé. Mais elle ne l’aimait pas, pas même après quatorze ans de mariage et deux enfants. Ainsi, on pouvait aimé sans être aimé en retour. Quelle tristesse ... S’était-il perdu dans ses pensées et s’était-il coupé du monde ou bien ses compagnons avaient-ils cessé de parler ? Il ne le sut pas mais une grossièreté de Milo le ramena à la réalité. Il avait souvent entendu ce mot qui ne quittait plus la bouche de son père quand il parlait des facéties de son fils ou de leur terrible chat roi. C’était quelque chose de plutôt mignon, pas franchement méchant et Lucius échangea un regard amusé avec Milo quand Alianora s’extasia de ce nom étrange. Il posa ses yeux sur une petite sente qui partait de la grande route en serpentant telle une bête cachée. Le chemin était presque recouvert de végétation et il comprenait sans mal qu’il n’avait pas franchement été entretenu. Ici, les gens prenaient la Grand Route ou connaissaient déjà le chemin par cœur. Devant lui, Félix regardait le petit chemin avec méfiance, comme si un ours enragé pouvait en émerger sans prévenir. Il regarda Milo qui chevauchait paisiblement aux côtés de Charlette. Aurait-ils une aventure ? Il serra ses poings sur les rênes de Flocon et avança à un pas plus rapide. Que savait-elle déjà de lui ? Rien que Lucius ne put ignorer. Ils sourirent de concert et Lucius sentit la jalousie étreindre son cœur. C’est l’amour, lui souffla une voix moqueuse bien désagréable. C’est magique, tu n’y peux rien, compléta-t-elle et il donna un petit coup de botte à Flocon pour les dépasser et ne plus les voir. Il fallait qu’il accepte, bien sûr, que Milo ne serait jamais entièrement à lui mais il était trop tôt. Il ne pouvait pas encore renoncer à l’entièreté de l’appartenance de Miloslaw Kotka. Il supposait toutefois que Milo tenait à lui. Sinon, comment pourrait-il rester là, à prétendre qu’il supportait avec brio les aléas de la vie. Il avait été celui qui avait mis fin à la malédiction, celui qui avait été rappellé chez lui. Il aurait pu tout abandonner, fuir vers sa ferme et ne jamais remettre les pieds à Ravenwell. Lucius aurait été peiné, naturellement, mais il aurait compris. Or, Milo était resté et avait attendu. Lucius se demandait bien pourquoi. Tenait-ce seulement d’une volonté de connaître sa famille ou avait-il d’autres raisons ? La peur de ce qu’il pourrait trouver à la ferme, par exemple. Milo, en tout cas, semblait absorbé par la présence de Charlette Condé. Elle paraissait plus vieille que son âge et avait le port noble mais elle ne trompait personne. Au moins, lui, n’avait pas usurpé son lignage. Le jeu arriva bien vite ensuite et Milo se décida à abandonner Dame Charlette pour le moment. Isobel s’amusa beaucoup de ses propositions et Milo perdit de façon honorable. Il lui expliqua comment il avait été fiancé d’office à son oncle via une faveur que lui devait Luscka pour sa vie et comment les fiançailles avaient été vite brisées. Il précisa ensuite que son amant avait été corsaire. Félix murmura que c’était de la triche mais personne d’autre ne l’entendit. Milo fut ensuite celui qui dû réfléchir à trois propositions. Ils passèrent devant un relais qui indiquait le kilométrage jusqu’à Pépin et Lucius remarqua une affiche pour une fillette disparue. Sans doute avait-elle été trop loin pour cueuillir des fraises ou quelque chose dans ce genre. Les enfants pouvaient être imprudents s’ils n’étaient pas surveillés. Quelques heures de froid avaient suffi à rendre l’affiche recourbée et un peu cassante. Il en repéra plusieurs le long des petites pierre qui indiquaient les quart de lieue qui passaient. Lila, la fille du boulanger, Taylor, la fille du meunier, Olson, la fille du boucher. Que des filles. Elles avaient toutes environ dix ans et des cheveux blonds. Il savait bien que son Altesse Royale le prince ne devrait pas prêter attention à ces détails mais les filles étaient nombreuses, ainsi que les avis. Sa majesté l’Empereur n’aurait pas voulu qu’il risque sa vie et se dévoile pour une simple affaire d’enfants disparus mais son Oncle Yvan aurait eu une toute autre opinion du sujet. Il serra une nouvelle fois ses rênes en réfléchissant. Serait-il à jamais une potiche qui remuait sa main pour signifier un amour factice au peuple réuni aux grands événements de l’année ? Non, il voulait être comme son père, comme son oncle. Milo le sortit une nouvelle fois de ses pensées et Lucius réfléchit à ses propositions. Il faillit se faire avoir mais désigna la mauvaise. Il avait vu les mains de Milo, quelques jours plus tôt. Alianora sembla s’offusquer plus que de nécessaire qu’il n’ait jamais pris le bateau. Le jeu se poursuivit et tous, sauf Félix, révélèrent des choses sur eux. Charlie avait grandi à Fellinion, Isobel avait déjà expérimenté un plan à trois et Alianora avait séché un cours d’équitation pour aller voir une compétition de patinage artistique au palais. Ils arrivèrent bientôt dans un village sur la grand route, non loin de Pépin. Celui d’où provenaient tous les avis de recherche. Les femmes leur jetaient des regards suspicieux et faisaient rentrer leurs enfants chez eux et les hommes semblaient bien trop près de leurs armes. Ils trottèrent jusqu’à l’auberge - ‘Au Puits d’Ander’ - et attachèrent leurs chevaux sans trop de mal. L’aube commençait à poindre. Quand Lucius regarda un des poteaux de la terrasse, il y vit un autre avis de recherche. La fille du bourgmestre avait, elle aussi, disparu.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Sam 12 Mai - 10:58
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Lucius était bien trop intelligent et observateur pour Miloslaw. Si fier de sa ruse, le garçon de compagnie tomba de haut quand le prince héritier trouva la solution de son énigme. Il le regarda, bouche bée et dégoûté. Puis, il se rendit compte de ce que ça voulait dire. Il avait vu. Milo baissa la tête, fixant sans la voir la crinière de son cheval. Que pensait-il de lui ? Le trouvait-il toujours digne d’être près de lui ? Pour l’instant, Lucius ne lui avait pas touché un seul mot à ce sujet mais il ne pouvait pas crier victoire.
Peu de temps après, le jeu se termina et ils arrivèrent en vue d’un petit village. Le soleil montrait ses premiers rayons à l’horizon et il fut décidé qu’ils feraient une halte. Miloslaw se retourna sur sa selle, étudiant le chemin d’où ils étaient venus. Mais personne ne leur courait après. Et qui s’imaginerait qu’ils s’arrêteraient ici alors qu’ils étaient en fuite ? Peut-être que ce qu’il ne fallait surtout pas faire était justement ce qu’ils devaient faire. Milo ne protesta donc pas et fit avancer sa monture. Personne ne leur barra la route ou ne leur posa la moindre question, mais on leur jeta des regards méfiants et soupçonneux. Les quelques hommes armés qui déambulaient dans les rues portaient de vieilles armures à l’efficacité douteuse et des épées émoussées. Comme tous les autres villageois qu’ils avaient croisés, ils semblaient soucieux et abattus, ils les jaugèrent aussi en essayant de savoir s’ils représentaient un quelconque danger. Miloslaw se demandait bien pourquoi. A l’auberge, le Puits d’Ander, ils louèrent deux chambres sur décision de Félix. Les trois filles occupaient la plus grande, Miloslaw et Lucius l’autre, tandis que l’élève de Taesch restait à monter la garde dans le couloir. Il leur assura qu’il pouvait se reposer à cheval, puisque le prince chevauchait avec lui.
La chambre était agréable, propre et bien rangée, même si les meubles accusaient le passage du temps. Les draps rêches sentaient bon le savon et le frais, Miloslaw décela une pointe de clou de girofle. Tandis que Lucius se lavait de la poussière de la route, il posa ses fesses sur le bord du matelas et fouilla l’intérieur de sa veste pour en extirper une enveloppe. Son nom était élégamment inscrit dessus. Milo l’avait trouvée sur son bureau au réveil et n’avait pas eu le temps de l’étudier à cause de son emploi du temps surchargé. Il déplia la lettre glissée à l’intérieur et se mordit la lèvre tout en la lisant.
« Très cher Miloslaw,
C’est avec une grande surprise que j’ai pris connaissance de votre courrier d’hier. Vos sentiments semblent sincères et jolis, bien plus que votre verbe soit dit en passant. En dépit de votre maniement quelque peu hasardeux de la poésie, j’ai bien compris votre message. Malheureusement, je ne puis y donner suite. Certes, ce moment passé ensemble était plutôt agréable et vos profondeurs ont su faire preuve d’une hospitalité que je n’oublierai que difficilement. Vos réactions honnêtes, passionnées et sincères ont été appréciées à leur juste valeur. Mais, très cher Miloslaw, aucun amour chez moi ne saurait, jamais, se manifester à votre égard. Je vous prie donc de rester digne et d’oublier ces sentiments inconvenants. Restons professionnels. Néanmoins, je vous souhaite un excellent voyage jusqu’à votre patrie de Hochen et vous promets de ne point m’inquiéter à votre sujet.
Bien à vous, Théophile. »
Miloslaw relu plusieurs fois la lettre, espérant avoir mal compris le sens de ces mots durement inscrits. Mais il dut se rendre à l’évidence. Sa déclaration épistolaire n’avait pas eu l’effet escompté, bien au contraire. Dire qu’il avait voulu le rassurer sur sa fidélité ! Qu’il voulait lui éviter une inquiétude quant à sa bonne santé ! Qu’il lui avait juré qu’il ne l’oublierait à aucun moment ! Miloslaw éclata soudain en sanglots. Il ne les avait pas sentis venir et se laissa surprendre par cette soudaine crise de larmes. Quelle honte ! Il roula en boule la lettre de Théophile et la jeta dans la cheminée éteinte. Quel idiot il avait été !
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Sujet: Re: Onze heures et quart Dim 13 Mai - 16:36
Onze heures et quart Par l’air et la terre, la lumière et l’ombre, il lui faudrait s’armer de patience quand il serait question pour eux de dormir. Il allait encore dormir seul avec Milo qui, désormais, était son tendre frère, plus que son bien aimé garçon de compagnie. Que faisaient les frères quand ils dormaient ensemble ? Il s’attendait à voir quelque chose de tout à fait correct dans cette chambre mais il ne trouva qu’une carafe d’eau et un quignon de pain quand ils y montèrent. C’était un rêve, n’était-il pas ? Il grogna - ou plutôt maugréa - puis tenta de se défaire de ce cynisme qui était le sien depuis quelques temps. Il était bien normal que ce genre d’auberge ne monte pas un festin pour des voyageurs normaux. Il se débarbouilla et retira sa chemise. Il n’avait pas froid, même s’il était désormais torse nu. Chez lui, il avait l’habitude mettre des pantalons, quand ses parents se balladaient les fesses à l’air. Il se sentait plus pudique qu’eux, peut-être à cause de tous ses complexes. ‘Si ça peut te faire plaisir’, lui disait Luscka quand Lucius lui demandait de couvrir ses fesses et son entrejambe, au moins. Quelle indécence. Il entendait, par la porte de leur chambrette encore entr’ouverte, quelques chants paillards chantés sur un ton joyeux. Au moins, même dans un village frappé par de nombreuses disparitions, les saoulards ne cessaient d’être heureux, songea-t-il tout à son observation. Il aurait aimé leur dire qu’ils ne la chantaient pas bien, leur chanson, mais n’en fit rien, puisqu’il essayait de comprendre comment il était censé dormir dans un lit aussi miteux. Dans les romans d’aventures qu’il affectionnait tant - ceux avec des princes perdus, des princesses ensorcelées et de bien méchantes sorcières - il n’y avait pas mention de nuits passées dans des auberges rustres, ni même des grattements légers qui se faisaient entendre dans les murs. Il remarqua un petit trou à gauche de son lit. Cela venait de là, il devait y avoir des rats. Quelle horreur ! Au delà de cela, la chambre était agréable et les meubles anciens donnaient un certain cachet à l’apparence campagnarde de leur cocon pour une nuit. Elle lui rappellait l’ auberge de Ravenwell où il avait valsé pour la première fois. La jeune fille avait un caractère passionné et les pieds agiles, bien à l’inverse de Lucius qui n’avait cessé de lui faire mal. Cette voleuse était vraiment quelque chose ... Il aurait apprécié quelques verres de vin ou même de sang mais il ne fit pas le difficile. Il n’était pas là pour cela. Il remarqua que Milo lisait une lettre avec laquelle il ne l’avait pas vu auparavant. A travers le papier fin, il pouvait aisément voir une écriture détachée et très élégante, très régulière. Presque trop régulière. Ce n’était certainement pas une lettre d’un de ses parents, qui écrivaient généralement comme des cochons. La lettre ne semblait pas être heureuse puisque Milo la jeta dans l’âtre froid que Lucius n’avait même pas pensé à allumer. Avant de s’approcher, Lucius crut déceler la signature de Théophile. Il l’avait vu plusieurs fois sur des papiers donnés à son père. Oh, Théophile lui écrivait donc ! Quelle fin heureuse ! Il se força à être heureux malgré la bile qui lui brûlait les lèvres. Mais, alors, pourquoi Milo semblait-il si dépité ? Il s’en approcha et la saisit. Il s’attendait à lire quelque chose comme ‘Allons nous marier au Temple dès que tu seras revenu’ mais il n’en était rien. En réalité, c’était bel et bien une rupture brutale. Même pas une rupture, un rejet pur et simple, qui lui signifiait que rien ne s’était passé. Rien de valable, du moins. Cette lettre était dure, froide et professionnelle. Qu’on soit roi ou indigent, un tel rejet faisait toujours mal, très mal. Il était tellement horrible de s’imaginer repoussé ainsi. Il plaignait sincèrement son frère mais en même temps, il ne pouvait s’empêcher de se réjouir. Milo était libre ! Libre ! Inaccessible mais au moins, il était libre. Lucius vint étreindre son frère en sanglots et le serra fort contre lui. Pourquoi les femmes n’étaient-elles pas là ? Elles s’y seraient sans doute mieux connu que lui. Il n’avait jamais été largué. Oh, cela pouvait paraître bien prétentieux quand on y pensait mais c’était la vérité et ce n’était pas aussi enviable que ce que l’on pourrait croire. Il n’avait jamais vécu d’histoire d’amour ou même de relation, de vrai relation. Tout avait toujours tourné court après le sexe. “Théophile est un idiot s’il ne veut pas de toi. Ne t’en fais pas, tu es génial, tu trouveras bientôt quelqu’un.” Pas trop vite, j’espère, aurait-il aimé ajouter, mais ces mots ne franchirent pas ses lèvres. Il continua de le bercer, de le consoler et, quand les sanglots de son ami se furent calmés, il baisa chacune de ses joues avant de se reculer. Milo avait les yeux rougis. “Tu devrais te laver avant de venir dormir. Ne t’en fais pas, je t’attends.” Il l’attendrait, toujours. Mais il ne lui dirait pas ce soir.
Le soir suivant, Lucius s’éveilla tôt. Il quitta le lit qu’il partageait avec Milo, s’éclaboussa un peu le visage et sortit de la chambre. Il profita de la quiétude du lieu pour fouiller un peu la chaumière. Quelques chambres vides plus tard, il trouva celle des filles. Elles dormaient encore paisiblement, entassées les unes sur les autres. Ensuite, il descendit jusqu’à la salle principale d’où émanait un fumet délicieux de viande et de sang. Il s’attendait à y voir Félix, qui n’était pas dans le couloir, mais l’aubergiste était seul. Il avait une allure de portefaix, malgré sa chemise blanche et son pantalon fleuri, mais sa viande semblait braisée correctement alors Lucius ne remit pas en cause sa profession. “N’auriez-vous vu mon jeune ami ? Un petit blond.” L’aubergiste releva le nez de sa viande, qui cuisait toujours au coin du feu, et haussa les épaules. “Le petit ? Je croyais que c’était une fille.” Soudain, la vérité frappa Lucius. Félix avait été enlevé.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Dim 13 Mai - 20:11
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Des voix joyeuses emplissaient l’atmosphère de la chambre. Des voix qui venaient du dehors. Des gens s’étaient soûlés, ils étaient insouciants, ne se préoccupaient plus des problèmes que la vie leur imposait. Ou des déceptions. Miloslaw les enviait en cet instant. Sans doute aurait-il dû boire jusqu’à l’oubli, lui aussi. Se mettre à chanter des paroles cochonnes. Pourquoi pas se joindre à se même groupe qui en était venu à brailler directement sous leur fenêtre ? Parce qu’ils n’avaient pas emporté une fortune avant de partir et qu’ils ne pouvaient pas se permettre de tout perdre dans des litres d’alcool. Et puis, ivre, il serait un poids mort alors que, très bientôt, il devrait les guider sur la route jusqu’à Hochen. Miloslaw, quand il n’était pas soumis à l’influence d’un camarade ou à l’appel du jeu, était quelqu’un de plutôt raisonnable. Alors il se contenta de souffrir. Quand Lucius défroissa la lettre pleine de suie, Milo le vit sous ses cils trempés et ne chercha pas à l’arrêter. Qu’est-ce que ça pouvait faire qu’il sache pourquoi son grand frère, son garçon de compagnie, s’était soudain mis à pleurer comme un enfant à qui on avait cassé son jouet préféré ? En fait, c’était sans doute mieux comme ça. Loin de se moquer de lui, le prince vint l’enlacer, le serrer contre lui. Alors, Miloslaw se sentit comme un parfait idiot. Il chialait parce qu’il avait été repoussé en amour. A son âge et vu sa formation, c’était sûrement quelque chose dont il devrait rougir. Enfin, la nouvelle et les sentiments qui avaient suivi lui avaient causé un tel choc ! C’était la première fois qu’il avait été impliqué dans une relation amoureuse et ça avait été seulement à sens unique ! Il décida de ne rien dire et de laisser le flot de ses larmes se tarir sur l’épaule de Lucius. Il lui serrait la main, reconnaissant. Puis, sur son injonction, il alla se rincer le visage pour en effacer les traces de sel. L’amertume de sa profonde déception resta en compagnie de ses yeux rougis et gonflés, mais il se sentait néanmoins un peu mieux. Après avoir retiré tous ses vêtements à l’exception de sa chemise, il se glissa sous les draps et se colla à son petit frère. Son bras vint barrer son ventre, pas si mince qu’il se l’était imaginé. Mine de rien, Lucius était tout de même assez musclé. Son nez contre son épaule, il ferma les yeux et écouta le chœur paillard s’éloigner doucement, remplacé par un concert d’oiseaux nocturnes, bien plus mélodieux. Il était tellement content d’avoir Lucius, il espérait que ce dernier avait conscience des remerciements silencieux qui s’exprimaient à travers son étreinte. Il n’avait jamais connu quelqu’un qui ait pris soin de lui de cette façon, cela faisait du bien, une fois de temps de temps. Enfin, si... Ca lui était déjà arrivé. Mais les souvenirs de cette époque bénie par les divinités s’estompaient de plus en plus. Il était grand temps d’en forger de nouveaux.
Le lit était froid du côté de Lucius, vide, les draps froissés. Miloslaw contempla plusieurs minutes, la moitié du visage enfoncé dans l’oreiller, son bras tendu sur le matelas. Son frère avait réussi à s’éclipser sans le tirer du sommeil. Quelle gentillesse... Il sourit doucement, se souvenant peu à peu de la raison pour laquelle ils avaient dormis ainsi collés. Son regard vira sur la cheminée. La lettre était toujours là, couverte de suie. Il se leva et gratta une longue allumette pour l’enflammer. Il ne la regarda pas se consumer. Cette nuit, il avait trouvé plus précieux qu’un majordome capable de le faire jouir d’un réel plaisir. Correctement habillé et débarbouillé, Miloslaw rejoignit à pas rapides la salle de réception de l’auberge. Il y retrouva tous ses compagnons. Non, pas tous. En s’approchant de la table qu’occupaient les autres, il comprit à leur ton qu’ils étaient en pleine discussion soucieuse. Son ventre se tordit.
« Où sont Félix et Luce ? »
Regroupés autour de leurs chevaux, ils tinrent un rapide conseil loin de toutes oreilles indiscrètes. Miloslaw avait toujours du mal à croire à la version de Lucius, que Félix s’était fait enlever par un tueur de gamines. Luce les avait probablement filés et il s’était retrouvé embourbé dans une sale situation avant d’avoir l’opportunité de revenir les informer. Les conclusions du prince étaient logiques pourtant. Et bien, ils allaient devoir retarder leur voyage pour traquer l’assassin. De toute façon, personne du palais n’aurait l’idée de venir les chercher dans le coin.
« On devrait se séparer, avança Miloslaw. Je pourrais prendre l’une des filles avec moi pour battre les bois qui entourent le village. Dame Charlette, vous me semblez à l’aise avec ce genre d’environnement. Lucius et Dame Alianora, vous saurez parfaitement interroger des villageois. Ils ont probablement vu plus d’indices que ce qu’ils pensent. Quant à vous Dame Isobel, je suis certain que vous pourrez convaincre la garde du village de nous fournir quelques informations supplémentaires sur les éventuels suspects. Qu’en pensez-vous, tous ? »
Il savait qu’il aurait dû être satisfait de son plan d’action, mais se sentait néanmoins un peu mal à l’aise. Il n’avait pas l’habitude de se dresser en leader, ou de lancer des idées. La vérité était qu’il avait déjà vu sa mère faire ce genre de discours. Les malades mentaux sévissaient partout, même dans de charmantes petites contrées.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Lun 14 Mai - 15:17
Onze heures et quart Lucius soupira doucement. Il serra contre lui la seule chose qu’il lui restait de Félix. Un roman, jauni par le temps et dont la reliure était partie en poussière depuis longtemps. Tartarin de Tarascon. Un anti-héros dont les aventures ravissaient les théâtre de boulevard, les établissements de mauvaise réputation. Lucius se demanda si c’était une lecture favorite de Félix et rangea le livre dans son sac. Il imaginait que les choses seraient bien plus faciles, dans leur périple. Mais il craignait désormais que cette aventure n’entame l’épilogue de son innocence. Si Félix mourrait à cause de lui, de son insouciance, alors qu’ils auraient dû être entourés d’une quinzaine de gardes et du capitaine De La Tour, il s’en voudrait pour toute sa vie. Il savait que Taesch le considérait comme plus qu’un élève. Il fixa un instant le tableau, l’unique tableau, qui décorait la salle. Une femme, aux cheveux blonds et à l’air impérieux posait sur lui un regard terrifiant. Sa grand mère et son sens du drame le poursuivraient-ils toute sa vie, où qu’il aille. L’aubergiste sembla le remarquer et hocha la tête. “Ouais, c’est elle, la reine-mère.” Lucius tiqua et se redressa brusquement. Il se doutait bien que cette femme impérieuse était sa grand mère mais ... “L’Impératrice-mère. - Huh, c’est pareil. C’était une sacrée bonne femme au pouvoir comme-même.” Lucius respira une bonne fois pour se calmer et se rapprocha de l’assiette de viande braisée au sang que l’aubergiste lui avait proposé. “Quand même. Et oui en effet. Mais le couple impérial actuel n’a rien à envier à l’ancien.” Le grand homme aux airs de paysans le regarda manger avec des yeux ronds. Avec sa mise noble, son port hautain et ses cheveux blancs, il devait se différencier des clients habituels de ce taudis. “Ouais, mais au moins la Dame Holly, on pouvait voir ses jolies jambes. Je suis pas convaincu de vouloir voir les gambettes de Luscka von Hochen en robe fendue, si tu veux c’que j’veux dire.” Lucius s’étouffa presque avec sa bouchée. Il ne commenta pas et mangea rapidement avant de monter. Ils devaient résoudre cette situation, cette disparition. A la lisière de l’escalier, il rentra brusquement dans le corps voluptueux d’Alianora. Il en rougit quelques secondes avant de se reprendre. Au loin, il entendait déjà le héraut proclamer les nouvelles du jour, réveillant tout le petit village. Aucune ne portait sur Ravenwell ni sur la politique du pays. Les récoltes, la météorologie des prochains jours et le bal du village étaient les premiers sujets d’inquiétude, après les disparitions étranges. “Oh, très bien. Je devais vous entretenir d’un problème.”
Le nez emmitouflé dans une écharpe en laine épaisse qu’il avait emprunté à l’aubergiste, il écouta attentivement le plan de Milo. Il était le plus vieux, après tout, c’était bien naturel qu’il dirige. Le sang impérial coulait dans ses veines et faisait battre son cœur. Ils se séparèrent bientôt et Alianora, qui avait trouvé une nouvelle toilette par il ne savait quel miracle, resta la seule à être avec lui. Elle portait désormais une robe bustier plus courte, teinte dans un bleu pâle et des escarpins accordés. Elle avait un don incroyable pour se dégoter la plus belle robe du village en un temps éclair. “Ils ne trouveront pas l’enfant.” Alianora poussa un cri de stupeur et Lucius eut un mouvement de recul. Une vieille humaine, toute racornie sur elle même, se tenait en appui sur sa canne tremblante, devant eux. Elle avait les yeux blancs, comme révulsés et portait une robe tant rapiécée que l’on aurait dit qu’on avait jeté plusieurs couvre lits usés sur elle au hasard pour la couvrir. Et Dieux merci, elle était couverte. “Pardon ?” La vieille dame attrapa Lucius par l’épaule et le regarda, comme si elle pouvait vraiment le voir. Ses longs ongles s’enfoncèrent dans le tissus de sa chemise. “Les enfants perdus ne reviennent jamais. Allez vous en avant de vous attirer des ennuis, jeunes gens.” Et puis, en un clin d’œil, elle fut loin, marchant de son pas claudiquant. Lucius regarda son épaule et l’épousseta. Quelques morceaux brillants voletèrent jusqu’au sol. “Cette femme était folle !” Il regarda la vieille femme se perdre dans la foule. A sa gauche, une fille se plaignait qu’ils n’étaient pas près d’acheter du charbon. Plus loin, un père sermonnait son fils sur ses dépenses. Personne ne sembla remarquer la femme. “Non. C’était une fée.”
Ils firent tous leur travail. Alianora et Lucius abandonnèrent rapidement et rejoignirent Isobel. Tous les trois, ils réussirent à convaincre le capitaine de la garde de les laisser voir dans ses dossiers. Le fait que Lucius clame être le prince aida un peu, l’épée d’Isobel, un peu plus. Ils rapportèrent le gros dossier de rapports reliés avec une ficelle à l’auberge et l’étudièrent patiemment. Alianora, comme pour se rassurer, ne cessait de répéter qu’il n’avait rien pu lui arriver et Lucius salua avec gratitude l’arrivée de Charlie et Milo, couverts de terre. Une fois qu’ils eurent recoupé leurs informations, Lucius hocha la tête. Il se sentait comme l’inspecteur génial de ces romans courts que l’on trouvait souvent au marché. “Oui c’est ça, bien sûr. Je sais ce que nous allons faire. Nous avons besoin de miel et de lait. Et quand le soleil sera haut dans le ciel, nous irons les cueillir. - Qui ça, Lucius ? - Mais les fées bien sûr. Les fées qui enlèvent des enfants.”
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Sujet: Re: Onze heures et quart Lun 14 Mai - 16:50
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Le plan de Miloslaw fut adopté à l’unanimité, à sa grande surprise. Du coup, quand il se retrouva tout seul en compagnie de Dame Charlette, à l’entrée des bois directement reliée au village, il se demanda si tout ça allait vraiment les mener quelque part. Ou au moins autre part qu’à la catastrophe. Il se sentait un peu mal d’avoir laissé Lucius en arrière, alors qu’il était censé le coller le plus possible.
« Alors ? lança-t-il à voix basse pour tenter de dissiper la lourde ambiance. Cela fait longtemps que vous connaissez le prince Lucius ? - Et bien, la nouvelle de sa naissance a fait un peu de bruit à travers l’Empire, en effet. »
Cela suffit à dégeler leurs rapports et Miloslaw ne put s’empêcher de rire. Dame Charlette était réellement impressionnante en tous points. Par la suite, ils vagabondèrent au hasard à travers bois, remarquant ici et là ce qui pouvait constituer des indices. Il y avait de nombreux nids de guêpes, qui s’avérèrent en réalité être des maisons de fées. Miloslaw se fit durement piquer le poignet, là où sa peau n’était couverte ni d’un gant, ni de la manche de sa veste. Après ça, ils cessa d’essayer de fouiner près des nids. Ils découvrirent aussi de légères traces de sang, mais ça pouvait autant venir d’un animal que d’un des enfants enlevés. Ils tombèrent aussi sur un énorme arbre au tronc creux, mais l’ours qu’il abritait les tint à distance. Finalement, ils revinrent sans beaucoup plus de réponse à l’auberge. Là-bas, ils retrouvèrent le reste du groupe, racontèrent tout ce qu’ils avaient vu et fait. L’intelligence supérieure de Lucius fit le reste du travail. Miloslaw était fier d’avoir un frère aussi intelligent. Un peu jaloux aussi, de toute évidence il n’avait pas hérité ça de son père.
Pour trouver Félix, ils allaient donc devoir faire la chasse aux fées. Miloslaw sentait que quelque chose ne collait pas, mais il n’arrivait pas à savoir quoi. S’en tenant donc au plan du prince, ils récoltèrent, sans mal, du miel et du lait. Une fois à l’orée des bois, ils disposèrent les victuailles sur une pierre plate. Leur armement était malheureusement bien sommaire. Personne n’emmenait une épée au temple. Enfin, ils avaient la magie de Lucius de leur côté. Milo croisait les doigts pour ne pas le voir arracher des cœurs à toutes les fées qui seraient venu prendre leur goûter. Ils patientèrent de longues minutes, sous une brise un peu fraîche, scrutant tous les recoins d’ombre. En dépit de cette vigilance, les fées parvinrent à les prendre par surprise. Tout un petit groupe de femmes volantes - et minuscules - apparurent comme surgissant du sol. Elles se placèrent en demi-cercle devant la pierre plate, étudiant le lait et le miel. Milo espérait que c’était à leur goût, il avait entendu dire que les fées étaient assez capricieuses. La preuve en était de la marque enflée sur son poignet.
« Qu’est-ce que vous voulez les mortels ? »
Une fée un peu plus grande et carrée d’épaules que les autres s’était avancée de quelques millimètres pour prendre la parole. Elle devait être la porte parole du groupe. Alianora et Lucius tâchèrent de lui expliquer les choses calmement. Après quoi, il y eut un instant de silence, puis la porte-parole se métamorphosa. En vieille femme ridée et couverte de vieux chiffons. Miloslaw ne doutait cependant pas qu’elle puisse le foutre au sol et lui arracher les bras sans effort.
« Les fées ne sont pas responsables de ces disparitions. Pas directement. En fait, le coupable est un monstre. Un monstre qui tue spécifiquement les changelins. Nos propres enfants, que nous avons mis dans le berceau des humains, toutes des petites filles blondes. - Et vous avez fait quoi des vrais bébés ? Désolé, mais tout le monde se pose la question, non ? - Vous, les mortels, toujours en train de vous attarder sur ce qui n’est pas essentiel ! Ne t’inquiète pas pour eux, pour la plupart, ils mènent des vies que beaucoup de vos congénères envient. En tout cas, si votre ami n’est pas vraiment un changelin, il y a des chances pour que le monstre ne l’ait pas encore dévoré. Cette créature est vite dépassée par ce qui ne rentre pas dans ses petites habitudes, vous savez. Ce n’est pas notre ennemi pour rien. En tout cas, si elle se décide à le dévorer et découvre que les enfants humains sont tout aussi délicieux, tout le village sera à sa merci. Ah, bien sûr, il est possible que votre ami soit un changelin. Il existe des clans de fées qui produisent des garçons. Des progressistes.»
La fée tordit du nez à la mention de ces progressistes, puis le groupe se retira. Bien sûr, elles avaient déjà fait disparaître le lait et le miel. Miloslaw réfléchissait. Où le monstre avait-il bien pu emporter Félix (et Luce par extension) ?
« L’arbre creux ! Ce n’était sans doute pas un ours ! - Dame Charlette, vous êtes formidable ! Allons-y ! Enfin...»
Il se tourna vers Lucius. Peut-être jugerait-il qu’il valait mieux attendre un moment plus propice. Tout dépendait de s’il pensait que Félix était un enfant de fée. Auquel cas, il était probablement déjà mort de toute façon.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Sam 19 Mai - 16:39
Onze heures et quart Lucius se demanda si tout allait bien se passer. Il se demanda aussi comment les gens avaient pu ne pas penser aux fées quand celles-ci apparaissaient aussi clairement et pourquoi la reine d’un clan de fées pourrait vouloir autant d’enfants. Traditionnellement, ils enlevaient des bébés pour les remplacer par des changelins mais là, les enfants étaient plus vieux et disparaissaient basiquement, sans laisser de trace. Dans quoi pouvaient bien tremper ces fées pour ne pas considérer l’ire des villageois quand ceux-ci comprendraient ce qui se passait ? Oh, ou alors elles comptaient juste sur le fait qu’ils étaient trop stupide pour penser aux fées. Il était vrai qu’elles n’avaient pas été évoquées une seule fois dans la bouche des villageois qui ne parlaient que des loups et des grottes. Il pensa à toutes les possibilités qu’avaient ces créatures éternelles pour les punir de les avoir dérangé dans leurs plans géniaux. Il allait être coupé en deux, ou pire. Il savait bien que sa vie n’était pas parfaite mais elle était assez bonne pour être vécue, tout de même. Oh bon sang, sa famille serait si énervée si les gens de ce village de bouseux leur rapportaient qu’il s’était fait tué par des petites femmes ailées. Il aurait aimé reprendre de nombreuses de ses répliques cyniques. Comme quand il avait dit à sa soeur qu’elle ne pourrait plus s’avachir quand elle aurait un corset. La pauvre avait pleuré toutes les larmes de son corps quand elle avait compris que le statut de princesse ne l’empêcherait pas de connaître les tortures des baleines ultra-compressantes. Elle n’avait pas encore commencé à en porter, Luscka et Elijah prenaient leur temps, mais Taesch et Holly pressaient la chose. Ils disaient que cela la préparerait à la vie. Il regretta aussi de ne pas être un prince manipulateur comme Taesch ou son cousin éloigné, Laurent. Il aurait pu mais il ne voyait pas l’intérêt. Taesch disait toujours qu’il avait besoin de plus d’espions, de tête à trancher en cas d’échec mais Lucius aimait que les autres se chargent de cela pour lui. Il ne voulait pas que la couronne de l’Empire ne se pose sur une tête pleine de complots, quand il serait adulte. Pour le moment, il regrettait de ne pas avoir un tour de plus dans sa manche. La fée apparut alors qu’il était plongé dans ses pensées. Il sursauta doucement et Isobel lui jeta un de ses regards plein de mépris. Ce devait être le vin qu’il avait avalé en grande quantité pour se calmer les nerfs à l’auberge en attendant les autres. Il avait un parfum lourd mais Lucius ne le pensait pas aussi fort. Avec Alianora, il entreprit donc d’expliquer les choses avec calme et clarté. Quelques fées dans le fond le regardèrent en riant et Lucius songea immédiatement qu’elles riaient de lui. En revanche, Alianora semblait les fasciner. Il fallait dire que sa mise parfaite, ses beaux yeux de biche et ses manières étaient dignes des fées, sans doute. Elle finit l’explication toute seule et il se renfrogna. Même sa magie ne le rendait pas légitime à leurs yeux. Et il en était un peu vexé. Il s’avéra ensuite que la personne qui enlevait les enfants n’était pas une fée mais bel et bien un monstre dévoreur de fées. de changelins en fait. Il haussa un sourcil quand l’explication fut donnée mais ne dit rien. Quand il était petit, on l’avait accusé d’être un changelin et il n’avait su que répondre ‘moi ? vraiment?’ au lieu de se défendre. Après que l’affaire ait été résolue par Yvan et sa force de persuasion, Lucius s’était prit à rêver qu’il en était un. Une fée. Qu’il ne devait pas ses pouvoir à un accident stupide mais bien à une magie puissante qui sommeillait déjà en lui. C’était faux, bien entendu et il le comprenait aujourd’hui. Il savait aussi, désormais, qu’il était aussi immortel que les fées. S’il ne se faisait pas tuer, il verrait la destruction des civilisations, la fin du temps. Tout disparaîtrait à part lui. Et peut-être Lubalai. Bien sûr, il n’avait jamais confié ses craintes à personne et surtout pas à sa petite soeur. Aucun corset ne pouvait préparer à la solitude éternelle. La douce lumière de la fée en chef, qui continuait de parler après la question de Milo, apaisa un peu son cœur et il écouta attentivement. Félix, une fée ? Impossible. Lucius aurait senti la magie qui émanait de son corps frêle. Les fées disparurent avant qu’il n’ai pu demander plus de précisions et soupira. Félix avait été confondu avec un changelin. Pourquoi ? Ses cheveux et ses yeux délicats avaient dû faire le travail de la diversion. Ou bien Félix avait-il lui même dupé le monstre pour une raison qu’ils ne pouvaient connaître avant de le retrouver. Ils n’avaient ni armes, ni peintures de guerre et pourtant, ils devraient bien vite combattre un monstre dévoreur de fée. Charlie eut une illumination et Lucius haussa un sourcil. Elle était vraiment la plus cachottière des héritières qu’ils avaient amené avec eux. Où avait-elle appris à être si intelligente ? On lui demanda son avis et il hocha la tête. Il réfléchit un instant et sourit doucement. “Je vais faire diversion.” Alianora s’en étonna et Lucius leur expliqua son plan, dans les grandes lignes. Il viendrait titiller le monstre et ils le prendraient à revers. Il ne devait pas être si difficile à battre. Ils useraient de la ruse. Isobel maugréa qu’une fois n’était pas coutume mais ne contesta rien. Ils se mirent en route.
Dix minutes plus tard, il se pointa devant le monstre ursidé. Ses cheveux étaient plus longs et blonds, changés par magie. Il portait un ensemble rouge et des chaussures de la même teinte. Il faisait une cible évidente. Il espérait réellement que ça marche ... Il ne voyait pas Félix et, à moins qu’il ne soit sous les fesses de l’ours, il devait être dans le creux de l’arbre. Ou mort. Lucius prit une inspiration et jeta une boule de neige sur le monstre, qui se hérissa immédiatement. Le monstre lui fonça dessus et la teinte de la forêt sembla changer. Plus sombre, plus dangereuse. Il forma une prière silencieuse et les racines des arbres se mirent à bouger lentement. Trop lentement. “MERDE !” En un clin d’oeil, la bête était au dessus de lui et son souffle vicié lui remuait l’estomac. “Milo ! Sauve moi!” La bête ouvrit la bouche en grand, montrant ses crocs à la faveur de la lune et Lucius ferma les yeux très fort.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Lun 21 Mai - 15:26
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
Ce plan était atroce, mais Miloslaw ne protesta pas. Il ne dit rien non plus quand il s’aperçut que ses jambes tremblaient légèrement au lieu de le porter dignement à travers la forêt, en direction de l’arbre creux. Il ne prononça pas un mot quand Isobel, fille de stratège et donc apparemment plus légitime que les autres pour ordonner ses troupes, lui indiqua un épais buisson. Les branches piquaient, mais ça ne suffit pas à lui arracher la moindre protestation. Les yeux pleins d’appréhension, Milo regarda Lucius se rapprocher d’une mort certaine. Il espérait que leur groupe serait suffisamment réactif et fort pour le sauver de la bête mangeuse de changelins. Tout le monde avait l’air de penser qu’Isobel était assez forte, Charlette assez maline, Lucius assez puissant et Alianora assez... Elégante ? Elle pourrait peut-être le distraire de quelques pas de danse. Le monstre, qui ressemblait beaucoup à un ours sans pouvoir être confondu avec l’un d’eux, grogna quand il reçut une boule de neige sur le bas du dos. Miloslaw déglutit alors qu’il s’extirpait du tronc creux, déployant sa musculature. Il resserra ses doigts autour du gros bâton ramassé plus tôt, seule arme qu’il avait pu dénicher. Lentement, il se mit à compter dans sa tête, jusqu’à dix. Pour l’instant, la bête était trop attentive. Elle devait se rapprocher de Lucius, se préparer à déguster un festin. En un mouvement beaucoup trop rapide et imprévu, elle fut sur le prince. Miloslaw jeta un coup d’œil rapide à Isobel, immobile derrière sa souche d’arbre, une branche plus grosse que celle du garçon de compagnie dans la main. Il comprit avec horreur qu’elle ne savait pas quoi faire. Elle était tétanisée.
Lucius appela à l’aide et entendre son prénom avec autant de détresse fit bondir Milo sur ses pieds. Avec un cri de rage complètement involontaire, il s’élança sur la bête, son bâton tendu vers le ciel. Le monstre se désintéressa de Lucius pour cette cible beaucoup plus bruyante et se redressa légèrement. Il leva une patte. Milo essaya de l’esquiver, mais le monstre le feinta et le frappa de l’autre patte, l’envoyant contre le tronc d’un arbre à l’épais feuillage. Des petites branches cassèrent sous l’impact et lui rebondirent dessus. Il voulu se relever avant même d’ouvrir les yeux, mais finit par se rendre compte qu’il était sur le dos. Ce fut alors qu’il le vit. Félix, solidement ligoté à l’aide de vieilles cordes à une haute branche. Le monstre l’avait bâillonné avec un morceau de ses propres vêtements. Pas étonnant qu’ils ne l’ait pas trouvé plus tôt : l’épais feuillage le masquait presque entièrement.
L’esprit encore vacillant, Miloslaw se remit sur pieds. Les trois filles avaient pris le monstre d’assaut. La tête lui tournait trop pour qu’il réussisse à savoir qui avait le dessus. Regardant tout autour de lui, il repéra une pierre cassée, tranchante. Leur meilleure chance de le vaincre, c’était encore Félix. Ou la magie de Lucius. Mais il n’avait aucune envie d’encourager son petit frère à réitérer les horreurs dont il avait témoin. Ignorant l’écoulement de ses oreilles et le bourdonnement dans sa tête, Miloslaw entreprit l’escalade de l’arbre. Il avait un équilibre difficile et devait souvent faire de petites pauses. Juste le temps de vérifier la situation de ceux qui combattaient, en-dessous de lui. Pour l’instant, l’avantage n’allait ni d’un côté, ni de l’autre. Comme ils auraient pu s’en douter, s’agissant d’un monstre évoluant dans le monde féerique, il n’était pas très sensible à la magie de Lucius. Après quelques trop longues minutes, Miloslaw se retrouva à califourchon sur la branche qui soutenait Félix. Son regard excédé lui prouva qu’il était, d’une part, vivant, d’autre part, prêt à se battre. Le garçon de compagnie entreprit de scier ses liens, ce qui prit moins d’une minute supplémentaire. Le monstre avait dû ramasser ces cordes dans une poubelle. Félix se débattit pour se débarrasser de sa prison plus vite et se laissa tomber. Il traversa les branches, soulevant des petites feuilles sur son passage. Quand il atterrit au sol, il ne fit presque aucun bruit. Juste après, il entendit un grondement de douleur, qui remua toute la forêt. Voilà, l’assassin avait frappé. Ou quel qu’ait pu être son statut. Miloslaw se fit la réflexion qu’il n’avait aucune envie de devenir un deuxième Félix. Malheureusement, il avait promis à Luscka von Hochen de suivre les cours de Taesch, pour la sécurité de Lucius.
Plus prudemment et lentement, Milo redescendit de l’arbre. Une fois en bas, il tâta ses oreilles. Le sang avait cessé de couler et séchait. Il avait roulé jusque dans son cou, qui le démangeait. Mais plus important, Lucius était vivant. Il le prit dans ses bras avec soulagement, puis le palpa pour vérifier qu’il n’avait de cassé.
« Merci à vous, honorables étrangers. »
Les honorables étrangers, qui ressemblaient à présent à des hommes et femmes des bois à force de s’être roulés dans la terre et les buissons, firent face à la grande fée. Celle-ci n’était pas vieille, mais jeune et magnifique. Son corps n’était vêtu que de bijoux en or et Miloslaw détourna le regard. On lui avait appris à ne pas reluquer les gens, puisqu’il était censé être amené à habiller des nobles.
« Vous avez enfin vaincu le monstre qui nous importunait depuis des mois. Pour cela, je vais vous offrir quelques présents. - Oh, j’ai vraiment hâte de voir à quoi ressemble une réception de fées ! »
Le souhait d’Alianora, qui était aussi devenu celui de Miloslaw, fut rapidement déçu.
« Nous n’avons pas l’habitude d’amener des mortels dans nos maisons, répliqua la grande fée en fronçant le nez de dégoût. Simple tradition, n’en prenez pas ombrage. Mais voici vos cadeaux. »
Tandis qu’une petite armée de fée distribuait les présents, la grande fée réussit à capturer le regard de Milo et lui fit signe de s’approcher. Il le sentait mal, mais obéit tout de même. On ne se dressait pas contre une telle entité. Elle fit courir un doigt aussi léger qu’un souffle d’air tiède sur sa joue avant de le lécher. Milo se raidit, ne sachant comment comprendre ce geste. Son cadeau était-il le partage de la couche de la reine des fées ? Il ne savait pas vraiment s’il en avait envie.
« Qui est-elle ? Je ne reconnais pas son clan. - Qui ça ... ? »
Miloslaw était perturbé, mal à l’aise sous le regard perçant de la fée. Celle-ci finit par secouer la tête avec un sourire, énigmatique. Elle le congédia en lui offrant son présent : un petit coffret délicatement sculpté. Il s’inclina pour la saluer et rejoignit son groupe avant de l’ouvrir. Il contenait une jolie collection d’herbes séchées. Certaines qu’il savait déjà comment utiliser, d’autres rares, ainsi que certaines qu’il ne reconnaissait pas. Il avait hâte d’avoir un moment pour les humer et les goûter. Voilà qui lui serait très utile une fois à la ferme, ou s’ils avaient l’opportunité de chasser du gibier sur la route.
Les fées s’évanouirent soudainement et ils se retrouvèrent seuls dans les bois, sous la lune. Sales. Même Alianora avait déchiré sa robe. Souhaitant dissiper ce moment suspendu dans le temps, Miloslaw sauta sur un problème pratique et d’importance.
« Vous pensez que les chevaux sont assez reposés pour repartir tout de suite ? »
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Sujet: Re: Onze heures et quart Sam 26 Mai - 17:29
Onze heures et quart La mort serait peut-être plus simple, finalement. S’il se laissait faire, tout serait plus pratique. Ses parents pourraient donner l’Empire à Lubalai, qui était sans doute bien plus leur héritière que lui et il serait en paix. Il y avait bien cette place à combler dans son cœur, cette place inexplicable, mais elle était vide depuis longtemps. Plus rien ne comptait, au final. Toutefois, il ne pouvait pas se laisser abattre. Tout allait être plus facile, quand ils auraient rejoint le domaine des Kotka. Et si dramatique que sa nature de Von Hochen l’enjoignait à être, il ne comptait pas se faire bouffer. Il ne comptait pas non plus laisser tomber sa famille, qui comptait probablement sur le pauvre débile qu’il était. Il ne pouvait pas laisser à Milo le poids de la couronne à porter seul. Milo, justement, tenta une attaque et se fit projeter contre un arbre. Lucius lui aurait bien réservé une sélection de poèmes tous plus salés les uns que les autres mais il n’avait pas le temps de l’insulter. Il devait agir. “Tu ne remarque rien, tas de graisse ? Je suis un mage !” Si Lucius avait un tempérament fantaisiste, il avait aussi à merveille retomber sur ses pieds. Une lame de glace s’était plantée dans le ventre de la bête et celui-ci recula en poussant un cri. Il aurait pu croquer Lucius d’un coup de dents mais apparemment, il était stupide. Le combat qui s’en suivit fut assez épique pour être conté dans un livre d’histoire mais Lucius n’eut pas le temps de s’en extasier. De toute façon, ils devaient avancer. Il était parfaitement possible pour eux de battre la bête s’ils s’y mettaient assez fort. Isobel était une puissance avec laquelle il fallait compter et il réussit à en être heureux quand elle asséna un coup de branche au monstre qui manqua de lui trancher la gorge de deux centimètres à peine. Un claquement dans son dos le fit sursauter quand une branche se brisa. Il vit bien Luce, dans son immense forme. Mais où donc était passé Milo ? Il n’était pas essentiel au plan mais Lucius aurait aimé le savoir en sécurité. En attendant, il plongea pour protéger Alianora de la charge impressionnante de Luce, qui se roula dans les feuilles et la neige avec le monstre. Est-ce qu’il allait gagner ? Luce prit un coup qui le blessa et des flots de sang se mirent à tomber de son flanc. Lucius leva la voix. “Luce, replie toi !” Luce redevint un chaton et il se glissa dans une petite fente de l’arbre qui abritait le monstre. Lucius se retrouva, sans trop le comprendre, face à la bête. Merde. Il appela alors toute la force de son cœur et se concentra pour jeter le sort le plus puissant dans la tête de la bête. Félix atterrit à côté de lui et tenta d’évaluer la situation mais bien sûr, Lucius ne lui en laissa pas le temps. Juste avant de lancer le sort, il remarqua dans les yeux des filles, de Félix et du monstre, la même expression. Ils avaient peur. Il faillit arrêter mais ce n’était sûrement que son imagination, alors il lança son sort. Le grognement de douleur fut si puissant qu’il le fit saigner d’une oreille et Lucius regarda la bête s’écrouler, du sang coulant de ses yeux. Il n’aurait peut-être pas dû lancer un sort aussi puissant mais il avait eu peur pour lui, pour Milo, pour les filles. Ses mains tremblaient quand son frère les rejoignirent. Il échangea un regard avec Isobel et celle-ci prit une expression de vainqueur, sa grosse branche bien en vue. Il cacha ses mains dans ses poches. Milo l’enlaça et Lucius se laissa aller dans ses bras, cherchant plus à cacher ses mains tremblantes dont le bout des doigts était recouvert de runes qu’un réconfort possible. Il avait bien vu la façon dont son frère l’avait regardé quand il avait menacé Slythe avec son coeur. Il maîtrisait mal sa colère et ses pouvoir mais c’était encore pire quand Milo était dans les parages. Il avait si peur pour lui. Était-ce de l’amour ? Milo ne sembla pas remarquer que deux arbres étaient morts autour d’eux. Une fée interrompit leur moment et Lucius la regarda voleter. Quand elle se transforma, il haussa un sourcil. Comme elle était grande et mince. Merde, les fées n’étaient vraiment pas normales. Ils reçurent des cadeaux et furent soignés. Isobel n’avait plus le bras cassé et, Luce, quand il sortit de l’arbre, ne saignait plus. Il aurait pu se faire tuer mais semblait tout content alors que l’on versait de la poussière de fée sur lui. Lorsqu’il se transforma en chat adulte, cependant, il semblait moins ravi. Quand il se plaignit, la fée au dessus de lui raisonna sagement. “Il se peut que l’on ne te donne pas ce que tu veux mais bien ce dont tu as besoin, jeune chat. - Je n’ai pas besoin d’être un chat ! Je suis un démon ! Eh ! Eh reviens ! Change moi en vampire ! En humain ! En lion au moins !” La fée sembla satisfaite de cette nouvelle proposition et le chat laissa place à un lion étrange au pelage noir. Luce commença à se courir après la queue. La fée lui donna personnellement un bracelet long couvert de runes. Il écarquilla les yeux quand il constata que chaque rune changeait quand il la touchait. Il constata aussi que le bracelet l’empêchait de faire de la magie quand le sort n’était pas inscrit sur le bracelet. “Eh merci ! Il est encore mieux que celui de mon père !” Isobel reçut un cardigan long qui épousait très bien ses formes. Une fée lui expliqua qu’elle ne pourrait jamais être blessée si elle le portait. La princesse en sembla grandement satisfaite. Charlie, elle reçut un miroir. Elle ne fit pas de grand discours et hocha juste la tête. L’éventail en plumes d’Alianora sembla aussi la combler. Milo, lui fut appelé par la grande fée et Lucius tendit l’oreille mais il n’entendit rien de concluant. Quand il revint avec un coffre, il étudia son visage mais il ne lui semblait pas chamboulé. Deux de ces femmes ailées échangèrent des messes basses le concernant et il entendit le mot ‘femelle’ mais n’en saisit pas plus. Ces moustiques commençaient à l’énerver ! Il fronça les sourcils et détourna le regard. Une fois qu’elles furent parties, Miloslaw sauta sur le problème le plus pratique de leur avenir proche. Comment allaient-ils rentrer ? Au moment où il allait répondre, il entendit un craquement, suivi d’un déchirement. Il regarda Luce, qui revenait vers eux en ronronnant mais le bruit venait de la bête. Il enfila son bracelet, prêt à agir mais le ventre de la bête se fendit en deux. Une petite fille couverte de sang en sortit à moitié et les regarda, visiblement agacée. “Que l’un d’entre vous m’aide ! Mes jambes sont coincées !” Horrifié, Lucius vit soudain Charlie se précipiter à son secours. La gamine se secoua, une fois sortie du ventre de la bête, et il reconnut le visage sous le sang. “La fille du bourgmestre !”
Il y eut une grande fête quand ils ramenèrent la changeline à son faux père. Ils omirent bien sûr de lui préciser que sa fille était une fée. Le banquet dura jusque tard dans la journée et lorsqu’il fut temps de se coucher, ils rejoignirent l’auberge bien couverts sous des ombrelles. Alianora resta avec un jeune paysan très musclé et Isobel choisit elle aussi de passer la nuit ailleurs, mais avec le capitaine de la garde. Quand ils se retrouvèrent seuls dans leur chambre, Lucius s’écroula dans son lit. Il avait trop bu. Milo était à côté de lui. Il était beau, et charmant avec son accent Kotka qu’il n’avait jamais totalement perdu. “Milo, j’ai envie de toi.” Il était trop saoul pour regretter ses mots et il commença à se déshabiller en fixant son frère. Est-ce qu’il craquerait ?
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Ulrick était perdu et lui aussi. Taesch jeta sa carafe de sherry contre le miroir, qui se brisa. Sa mère doucement mais haussa les épaules quand il lui jeta un regard noir. Elle s’en fichait bien. Il s’avança et récupéra le plus gros morceau du miroir brisé, tâché de sherry, puis se s’empara de sa cape de fourrure. “Allen, prépare un cheval. Je me rends à Cardinal.” A travers le miroir, Lilith lui jeta un regard appréciateur et il le rangea dans sa poche. Il ne lui laisserait pas dire qu’il était pire qu’elle en terme de parentalité.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Dim 27 Mai - 12:22
Onze Heures et Quart feat. Lucius von Dast
S’il n’avait pas vu Lucius arracher des cœurs magiques et absorber des cadavres de chevaux récemment, Miloslaw aurait probablement crié. Voir une tête surgir des entrailles sanguinolentes d’un monstre mort, ce n’était pas vraiment une scène pleine de charme et d’innocence. Son sang se glaça et il se dit que le monstre attendait un petit. Assez grand pour s’extirper tout seul avec une césarienne et.. Parler ? Dame Charlette, qui avait de toute évidence plus de nerfs que lui, se précipita au secours de la petite fille. Lucius reconnut la fille disparue du bourgmestre et l’affaire fut entendue. Ils allaient la ramener chez son père et passer une nouvelle journée dans ce village avant de reprendre la route pour la baronnie de sa famille.
En chemin, Miloslaw échangea un peu avec chacun au sujet des cadeaux qu’ils avaient reçus des fées. Et tout le monde en était très content. Le plus impressionnant restait toutefois celui de Luce, qui se pavanait à présent dans le corps d’un gros lion noir. Bizarrement, Milo sentit qu’il l’appréciait plus maintenant. Peut-être parce que cela légitimait sa présence parmi eux. Il devrait sans doute faire un effort envers le démon, qui n’avait jamais fait que les aider en dépit de ses pathétiques mensonges. Le bourgmestre faillit s’étrangler avec sa propre salive en voyant sa fille, encore teintée de sang, juchée sur le dos d’un énorme et sombre animal. Mais bien vite après cela, ce ne furent que remerciements. En grande pompe. Ils ne purent passer à côté du grand banquet et Milo fut forcé de faire un discours. Il dit maladroitement quelques mots sur le monstre et les efforts communs fournis pour sauver les enfants, omettant de préciser qu’ils n’avaient vraiment cherché qu’à récupérer Félix. Ils burent, ils mangèrent, ils dansèrent, plus ou moins forcés à faire tout cela. Miloslaw se gava surtout de viande et de légumes grillés, qui étaient très bons. Il vit que Lucius buvait beaucoup et le surveilla du coin de l’œil. Il avait du succès avec ses cheveux pâles et son port royal. Son visage aussi, entre l’enfance et l’âge adulte. Il avait l’air si sûr de lui. Milo se jura que personne n’allait profiter de l’état de son petit frère pour l’entraîner dans une couche qu’il ne désirait certainement pas voir de près.
Quand ils reprirent le chemin de l’auberge, il faisait pleinement jour et ils durent progresser lentement, sous le couvert d’ombrelles prêtées par le bourgmestre. Au final, Milo avait cédé à la boisson lui aussi et son esprit était très embrumé. Il se tenait à la main de Lucius comme si ce dernier n’était pas encore plus fait que lui et pouvait réellement le préserver d’une chute dans la rivière qui scindait le village en deux. Isobel comme Alianora se trouvèrent un partenaire pour poursuivre les festivités, Dame Charlette rejoignit sa chambre en compagnie de Luce le lion et les deux frères titubèrent pour rejoindre leur lit. Miloslaw se laissa tomber à côté de Lucius et repoussa ses bottes à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’elles tombent finalement par terre. Le plafond tournait. La voix de Lucius résonna plusieurs fois dans ses oreilles avant qu’il comprenne enfin ses mots. Et au moment où il tourna la tête vers le prince, ce dernier était en train de se dévêtir, une étincelle gourmande dans les yeux.
Milo savait ce qu’il devait faire. Ce qu’il aurait fait en temps normal, s’il n’avait pas bu. Il aurait fui. A toutes jambes, quitte à passer la journée avec les chevaux, dans les écuries. Mais depuis le festin, il n’avait cessé d’admirer Lucius. D’ailleurs, il avait admiré le prince depuis leur première rencontre. Et plus il passait de temps avec lui, plus il le trouvait impressionnant, surtout pour son âge. Après tout, pourquoi pas ? se dit-il en passant une main sur le torse dénudé et doux de Lucius. Ils n’étaient que demi-frères. Les gens faisaient bien pires dans la noblesse. N’y avait-il pas eu un frère et une sœur au pouvoir impérial à un moment ? Ils s’étaient mariés, avaient même eu des enfants ensemble. Miloslaw vint se placer au-dessus de Lucius, il le contempla un petit moment avant de l’embrasser, très doucement. Il avait beaucoup trop bu, se répéta-t-il. Mais les lèvres du prince étaient si bonnes. Il les lécha, les suçota, en apprécia le goût sucré. A cause de l’alcool. Et des fruits. Est-ce qu’il aimait tout particulièrement les desserts ? Milo n’avait pas fait attention à ce qu’il avait pu manger. La respiration un peu hachée, il descendit sa bouche le long du corps de Lucius, en pensant que s’il le voyait faire, le prince consort lui arracherait probablement la tête, avec la colonne vertébrale encore fixée au crâne. Pourtant il continua ses baisers, essayant de se souvenir de ce qui lui avait plu avec Théophile. Mais ses souvenirs étaient un peu embrouillés, car il n’avait pas été attentif ce jour-là, et puis il avait bu aussi, pas autant qu’aujourd’hui mais tout de même assez. Et puis sa mémoire était mise à mal par son état actuel. Sans parler du fait qu’en réalité il n’avait aucune envie de se souvenir de ce qu’il avait fait avec Théophile. Pas maintenant. Se laissant guider par son instinct, il abaissa d’un geste brusque le pantalon de Lucius, jusqu’à mi-cuisses. Son sexe était là, dur. Il le lécha, le prit en bouche, joua avec un moment, y faisant rouler sa langue. Que dirait l’Empereur ? Il lui avait fait confiance et voilà qu’il s’apprêtait à baiser son fils. Mais Lucius avait envie de lui. Il était soûl mais... Il l’avait bien dit, non ? Et lui-même, il en avait envie aussi. Ce n’était pas grave.
Ne sachant vraiment ce qu’il faisait, Milo remonta au-dessus du visage de Lucius. Il défit maladroitement les liens de son pantalon, pour frotter leurs deux membres excités l’un contre l’autre tandis que sa bouche explorait la gorge du prince. Son corps était noirci de runes magiques. Il en suivit le dessin des yeux, s’arrêtant au bout des doigts. Il continuait à gémir doucement et à mouvoir son bassin, mais une pensée pleine de doutes le traversa. Il y avait trop de runes, non ? Il l’avait encore fait, c’était obligé. Et lui n’avait rien vu. Un frisson le traversa violemment, partant du bas de son corps, et il oublia un moment ce qui l’avait distrait. C’était comme avec Théophile, quand il lui avait fait cette chose, si délicieuse... Théophile... Il ne le détestait même pas. Il avait juste envie de se venger, de se laver de sa présence en lui. Pour que ça ne compte plus non plus pour lui. Et pour ça, il allait utiliser Lucius. Son prince, son frère. Il était quelqu’un d’immonde.
Le cœur écharpé, Miloslaw s’arracha au corps de Lucius en même temps qu’au lit. Il noua son pantalon rapidement et balbutia des excuses.
« Désolé, Lucius. J’aurai pas dû. Tu as trop bu, et moi j’ai le cœur brisé. La nuit tombée, on regretterait tout. Je vais dormir ailleurs, je ferme la porte à clef. A demain. »
Il fit ce qu’il avait dit, en essayant de se convaincre que c’était la bonne chose à faire. Milo alla se lover sous les couvertures d’Isobel, il avait pensé que c’était préférable que ce soit elle qui le découvre dans son lit plutôt qu’Alianora. Le scandale serait vite oublié, si même il y en avait un. Mais de toute façon, les chances étaient minces pour que la fille du général revienne avant qu’il ne soit parti.
Le lendemain, couvert de honte, Miloslaw tourna la clef dans la serrure de la chambre de Lucius. Il toqua doucement. Est-ce qu’il se souviendrait de ce que Milo avait osé lui faire ? Certainement, un grand malaise allait s’installer entre eux, au moins pour cette nuit.
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Sujet: Re: Onze heures et quart Lun 28 Mai - 15:38
Onze heures et quart Il aurait dû être triste, bien sûr. Il aurait dû pleurer. Mais il s’y attendait et, honnêtement, il en avaitr l’habitude. Tout était si scénarisé entre eux que c’en devenait classique. Milo lui faisait faire des choses désespérées, stupides. Avec lui, il agissait parfois par pur caprice, parfois avec bonté mais jamais, jamais il n’agissait normalement. Pourquoi était-il si changeant quand Milo était près de lui ? Si près, oh, si près. Il ne se comportait jamais comme ça, avec personne. D’un autre côté, Milo agissait aussi avec lui comme il ne le faisait avec personne. Il se sentait parfaitement bien dans le rôle du méchant qui asservissait Miloslaw mais il savait que cette relation ne durerait pas longtemps. Les couleurs vives lui plaisaient autant que les relations malsaines et quand on voyait sa garde robe, on pouvait se douter que son truc c’était plutôt le pastel et le noir. Peu de femmes étaient aptes à lui plaire, puisqu’il aimait les gens pleins de fougue, mais il en trouverait peut-être une. En attendant, il était hors de question pour lui de se laisser emprisonner dans un tel schéma avec son frère. Il ne pouvait pas rester comme cela éternellement. Il devait taire ces sentiments qui le faisaient agir si mal. Et puis, aucun amant vraiment bon n’aurait besoin de donner des ordres à son bien-aimé. Leurs positions n’étaient pas celles d’un couple. Charlie lui avait conseillé de mettre fin à cela, un peu plus tôt dans la soirée. Et elle était certainement celle qui avait raison. Elle lui avait dit qu’il ne pouvait pas laisser la blessure entre eux enfler et suppurer. Quelle ... métaphore adaptée. Comme c’était triste, finalement, de voir une telle idylle être piétinée à même le sol. Mais il lui restait un frère et jamais il ne laisserait ce lien là être brisé. Aussi, quand Milo opta pour la fuite, Lucius s’installa au lit et décida de dormir. Puis, il se leva en précipitation et rédigea une longue lettre pour Milo, dans laquelle il décrit tous les sentiments qui étaient les siens, avant de préciser qu’ils ne reparleraient plus jamais de cela. Sauf si Lucius pouvait faire un jeu de mot ou une blague. Qu’ils seraient frères, désormais. Ensuite, il rampa presque jusqu’à la bassine pleine d’eau propre et s’aspergea vivement le visage et le corps, pour enlever toute sensation de toucher et de sexe, et puis il se remit au lit. Il avait bien besoin d’un peu de sommeil. Toutefois, il ne put s’empêcher de se tourner et retourner dans son lit. Lorsqu’il sortit par la fenêtre, il croisa un des hommes avec qui il avait discuté à la fête. Il avait été marin sur un bateau de pêche et sa musculature fine le prouvait. Ils avaient tous deux encore le sang poisseux d’alcool et ils ne tardèrent pas à s’envoyer en l’air sous la pluie de la fin de journée, dans une ruelle vide. ‘Ne t’arrête pas, ne t’arrête pas !’, ne cessait de répéter le marin et Lucius ne s’arrêta pas avant de jouir tout au fond de lui. Il passa devant des maisons en rentrant, dépenaillé mais très satisfait. Les paysans devaient dormir, tapis dans leurs masures, et il profita de la pluie pour ne pas souffrir des déconvenues du soleil. Quand il entra de nouveau dans sa chambre, il étendit ses affaires mouillées sur le lit de Milo et se coucha, nu. Cette fois, il arriva à s’endormir et rêva de sa famille. Ils semblaient tous si heureux ...
Le lendemain, ce fut Milo qui le réveilla. Lucius glissa la lettre sous la porte et il s’habilla, se lava et brossa ses cheveux hirsutes. Il tenta de paraître le moins noble possible. Il avait peaufiné sa culture de la misère à l’aide des serviteurs et des voleurs et il lui sembla que sa coiffure ébouriffée et son regard peu éveillé n’avaient rien d’impérial. Il ouvrit la porte quand il fut sûr que Milo avait eu le temps de lire sa lettre. “Bien le bonjour, mon frère. Hâtons nous de manger et de reprendre la route avant qu’un avis de recherche pour nous n’arrive ici en quatre millions d’exemplaires.” Il ne sous-estimait pas les capacités de ses parents et de son oncle et il voulait vivre une aventure sans écoper de toute la garde impériale sur le dos. Ses amis lui suffisaient, comme l’avait prouvé le combat d’hier. Ils avaient même ramené une fausse gamine à son père, s’ils n’étaient pas des héros ! Justement, en parlant de cela, la fille du maire les attendait en bas. Les pieds de la fillette ne touchaient pas le sol mais l’aubergiste ne semblait pas le remarquer. Il astiquait le cadre du portrait de Holly. Par la fenêtre, Lucius pouvait parfaitement voir que le centre ville du village un samedi soir, n’était pas exactement fait de la même ambiance que Ravenwell. La gamine s’avança au dessus du sol, tel un monstre de conte, et prit les mains de Lucius. Elles étaient chaudes et le prince les sentit pétiller contre sa peau. Elle avait les joues rouges et il réalisa qu’elle devait avoir environ l’âge de Félix. Elle leur raconta comment elle s’était faite capturer avec de nouveaux détails épouvantables que le prince n’aurait jamais voulu entendre et puis, elle serra plus fort les mains de Lucius. “Je voulais te dire merci. Et ... je sens une magie incroyable émaner de toi. Peut-être que ... plus tard, quand je serais grande et que tu seras plus calme, tu pourrais revenir. Pour moi.” Dire qu’il venait de se résigner à ne rien accepter des choses du coeur juste cette journée ! La fille était désormais aussi rouge qu’une pivoine et Lucius décida de rompre le malaise. “Peut-être, oui.” Quand elle partit, il souffla un bon coup. On ne se faisait pas draguer par une fée tous les jours. Il sentait encore la magie sur ses mains pétiller et il y découvrit de la poussière brillante quand il les regarda de plus près. Ils s’attablèrent avec les autres et écoutèrent l’aubergiste leur raconter comment les Chasseurs de Sève avaient abattu un dragon et qu’il faudrait bientôt les attraper, sinon Dasten courrait à sa perte. Et c’est avec horreur qu’il s’aperçut qu’il avait trouvé sa vocation. Sauver des gens, résoudre des problèmes, se battre avec ses amis, déguster de la bière immonde en sachant qu’un lit confortable l’attendrait à son retour à Ravenwell. C’était ce qu’il voulait faire. Mais il était prince et les princes ne faisaient pas cela. Merde.